Nissan vient de signer un accord de partenariat avec le fournisseur d’énergie italien ENEL portant sur la technologie du « ‘Vehicule to grid » (V2G). Ce système innovant repose sur la capacité des batteries de voitures électriques, en l’occurrence la Nissan Leaf, à réinjecter de l’électricité vers le réseau électrique (« grid ») via une borne bi-directionnelle. Les premières expérimentations auront lieu au Danemark et en Allemagne, puis aux Pays-Bas.
La technologie V2G promet de révolutionner le système électrique en lui apportant davantage de flexibilité et de stabilité. Les véhicules électriques stockent en effet de l’électricité dans leur batterie. L’idée est d’utiliser cette énergie, lorsque le véhicule est stationné, pour les besoins d’équilibrage du réseau. Selon Paul Willcox, Président de Nissan Europe, le véhicule électrique sera bientôt non seulement un moyen de transport mais aussi un véritable outil au service des systèmes électriques nationaux en Europe.
Vehicle-to-grid : une prouesse technologique qui profite à tous
Ernesto Ciorra, Directeur Innovation et développement durable du groupe ENEL, a déclaré que le véhicule électrique est une pierre angulaire du marché de l’énergie : les batteries de véhicules électriques dotés de la technologie V2G, comme la Nissan Leaf, pourront stocker l’électricité issue de la production intermittente des énergies renouvelables, dont la part augmentera dans les années à venir, et la restituer au réseau en période de pointe. A terme, lorsque les mécanismes de marché seront calés, le propriétaire du véhicule pourra, à l’instar d’un producteur d’électricité, se faire rémunérer pour la vente de son énergie. Une autre source de gain financier pour lui sera d’utiliser directement l’énergie stockée dans sa batterie pour alimenter sa maison, par exemple en période de pointe quand l’électricité est chère.
Les expérimentations menées par Nissan et ENEL dans le cadre de leur partenariat devraient contribuer à résoudre un certain nombre de points techniques pour passer du stade de l’expérimentation à celui de l’industrialisation du V2G. Les cadres règlementaires nationaux dans lesquels ces opérations pourront s’exercer devront aussi être fixés.
Tour d’horizon d’autres projets vehicle-to-grid existants : Japon, Etats-Unis, Pays-Bas
Le système V2G existe déjà depuis 3 ans au Japon et permet aux particuliers de réinjecter de l’électricité sur le réseau électrique ou d’alimenter leur maison par le système vehicle-to-home (V2H). Les véhicules présentant ces technologies sont des modèles de Mitsubishi et Toyota et fonctionnent sur le même principe que ceux de Nissan par une prise de charge de CHAdeMO. CHAdeMO est une solution avec au total 8760 chargeurs opérationnels dans le monde dont 5400 au Japon sachant qu’en 2012 seuls 1400 chargeurs équipaient les véhicules électriques en circulation. 1238 chargeurs sont notamment déployés en Amérique du Nord. Aux Etats-Unis, l’association Magic Consortium a présenté un projet V2G il y a 5 ans testant cette technologie sur le campus de l’Université de Delaware. Aux Pays-Bas, une intiative a été lancée dans la ville d’Utrecht et selon Nissan Europe, le V2G pourrait rapporter jusqu’à 1400 euros aux propriétaires de véhicules équipés.
Après les compteurs intelligents, la technologie vehicle-to-grid est une application concrète des technologies de stockage et de gestion intelligente de l’énergie pour les utilisateurs de véhicules électriques. Avec des véhicules dotés du système V2G et en attendant des solutions de stockage plus performantes, les utilisateurs deviennent de véritables acteurs pour la stabilité du réseau électrique.