La question du stockage de l’énergie était au coeur de la 9e édition des Smart Energies qui se sont déroulées les 17 et 18 juin dernier.  A cette occasion, Grégoire Cortot, Responsable de Conférence des Smart Energies, a répondu aux questions de Réseau Durable. 

Quels sont pour vous les principaux moteurs et les principaux freins de la transition énergétique ? 

Les principaux moteurs sont les territoires et les collectivités, et certaines entreprises.

Il y a énormément de facteurs différents qui viennent concourir au développement du renouvelable et de la transition énergétique. Sans compter que certaines sources énergétiques sont toutefois peu médiatisées, notamment celles liées à la chaleur. Nous avons focalisé pendant très longtemps la question de la transition énergétique autour de la question électrique et des nouvelles sources d’ énergies renouvelables comme le photovoltaïque et l’éolien principalement.

Et aujourd’hui, on se rend compte qu’il existe des problématiques de pilotage des consommations. Étant donné que nous sommes sur de l’intermittent, on constate que nous avons des sources d’énergie, comme les réseaux de chaleur, qu’il faut réellement valoriser. Pendant l’événement du Smart Energies Paris, nous avons d’ailleurs eu une intervention sur ce sujet avec le maire de Charleville-Mézières. Comme ce qui est fait avec ArcelorMittal dans le Nord, où le groupe sidérurgique va alimenter un réseau de chaleur de la ville de Grande-Synthe.

Du côté des entreprises, on observe un foisonnement technologique qui assure une continuité dans le développement de la transition écologique.

Le principal frein est la question du stockage de l’énergie qui n’est pas mature aujourd’hui, alors même qu’il s’agit de la condition sine qua non d’un mix 100% renouvelable.

Aujourd’hui, quand on regarde ce qui se passe en Allemagne – c’est en quelque sorte un cas d’école de la sortie du nucléaire et du coût de l’augmentation du renouvelable pallié par du charbon – on se rend compte qu’on ne sait pas aujourd’hui stocker l’énergie et la rendre pilotable. C’est un vrai défi.

Est-ce que cette montée des renouvelables peut se faire sans les réseaux intelligents ?

Le stockage est effectivement ce qui nous permettra de rendre plus pilotable l’énergie intermittente. Mais dans un premier temps, on ne peut effectivement qu’optimiser le réseau électrique de façon à être au plus près de la demande énergétique et de pouvoir répondre dans un délai de plus en plus rapide. Et c’est qui est fait par nos gestionnaires de réseaux et par les transporteurs depuis maintenant une bonne quinzaine d’années.

Le secteur s’est donc adapté à cette nouvelle donne…

Tout à fait. Ils sont toujours en mutation, toujours en train d’évoluer. Le secteur s’est très bien adapté au numérique.

Quelles évolutions sont à noter dans le stockage énergétique, une technologie clé pour la TE ? Quelles autres technologies ou pratiques semblent révolutionner le secteur ?

Il y en a malheureusement très peu, même si certaines sortent du lot. Je pense notamment à Energy Vault, start-up suisse qui a fait beaucoup de bruit avec des systèmes de stockage par tours où elle fait monter des blocs de béton. L’idée est de transformer l’énergie électrique en énergie potentielle via l’acheminement du bloc de béton sur des tours avec des grues. Il s’agit d’une nouvelle forme de stockage qui a – potentiellement – de l’avenir. Mais hormis celle-ci, et quelques innovations ici et là, il manque encore une évolution sur le stockage de masse, qui est clairement tout l’enjeu, au même titre que les STEP par exemple. On peut toutefois citer Tesla avec sa Giga Factory mais cela pose la question de la durabilité des batteries et des métaux utilisés.

En ce qui concerne le stockage chimique de l’électricité, nous avons également une durée de vie de la batterie qui n’est pas ad vitam eternam. Et par conséquent, nous avons une déperdition rapide des capacités de stockage de ladite batterie. In fine, les technologies ne sont pas encore tout à fait abouties, l’enjeu réside dans la baisse des coût. Et c’est vraiment ce qui conditionnera le développement du renouvelable à venir.

Et sur le terrain de l’électromobilité… Comment le système énergétique intégrera-t-il le véhicule électrique ?

C’est une très bonne question car nous suivons cela depuis un petit moment. Il est vrai que le développement de l’électromobilité pourrait poser des problèmes de puissance. Le réseau électrique devra ainsi pouvoir acheminer une puissance à la pointe qui peut être considérable.

C’est un défi technique majeur, notamment pour le gestionnaire du réseau. Maintenant, on peut imaginer que le « Véhicule 2 Grid » soit une façon de rendre pilotable le renouvelable en utilisant les voitures qui sont garées pour faire tampon et redistribuer l’énergie quand on en a besoin. L’intégration sur le réseau est un autre sujet technique. Celui-ci a notamment été abordé le deuxième jour des Smart Énergies lors d’une conférence sur l’organisation de la ville et des nouvelles formes de mobilité.