La réussite d’une transition énergétique nécessite un déploiement à grande échelle d’énergies renouvelables intermittentes. Pour gagner l’ensemble des territoires, des centres urbains aux campagnes, cette transition implique une énergie décentralisée et locale, accompagnée par des compteurs intelligents, pilotée par des smart grids.
La population mondiale est de plus en plus urbaine : d’ici 2050, on estime que 75% des habitants de la planète vivront dans d’immenses métropoles. En termes de politiques publiques, limiter les efforts énergétiques à ces centres urbains serait cependant une grave erreur : une transition énergétique réussie passe par un maillage de l’ensemble du territoire. Les zones rurales et les villages ont, en France, un rôle clé pour réaliser les objectifs de réduction de gaz à effet de serre.
S’appuyer sur l’expertise des EPL pour développer localement les EnR
Les Entreprises publiques locales (EPL) sont des entreprises au service des collectivités locales, des territoires et de leurs habitants. Elles interviennent dans de nombreux secteurs d’activités comme les transports, le logement, le tourisme ou encore l’énergie. Dédiées à la transition énergétique, elle apportent notamment une expertise pour intégrer un maximum d’énergies renouvelables (EnR) dans le mix énergétique, et pour aider les deux principales EnR intermittentes, l’éolien et le photovoltaïque à s’imposer largement sur l’ensemble du territoire.
Avec 59% de croissance en cinq ans, le nombre d’EPL dédiées à la transition énergétique se multiplie. Sur 1 254 EPL en activité, 106 sont dédiées à l’énergie et permettent aux producteurs d’énergies renouvelables de se doter de technologies permettant de répondre à l’intermittence : « parce que les EnR sont, par nature, décentralisées et intermittentes, elles nécessitent des outils permettant d’assurer une maille plus locale et plus fine et de gérer en temps réel ces nouveaux équilibres entre consommation et production locale et intermittente » expose ainsi Rémi Martial, professeur d’économie, maire de Lèves et vice-président de Chartres Métropole en charge du Numérique.
Smart grids et compteurs intelligents : une nécessité pour les EnR décentralisées
La transition énergétique conduit à cette décentralisation de la production d’électricité renouvelable, en favorisant les sources d’énergies locales, adaptées à un territoire et à ses problématiques. Et les réseaux électriques doivent, pour permettre cela, devenir intelligents : un pilotage intelligent de la production et de la consommation est indispensable pour intégrer un maximum d’EnR intermittentes dans le mix électrique, et plus encore quand il s’agit d’une petite source locale.
Dans ce domaine, l’apport d’un compteur électrique intelligent est indispensable : lui seul permet à un producteur-consommateur de basculer en temps réel de l’auto-consommation vers des échanges avec le réseau national. Il lui est alors possible de vendre une électricité produite en surplus ou de lui acheter de l’électricité en cas de production nulle ou trop faible ou vers une solution de stockage.
Plus généralement, ce compteur intelligent est la première brique d’un smart grids en étant le point d’accès pour un pilotage de l’électricité par un producteur. Pour mettre en place des solutions énergétiques locales et durables, notamment à l’échelle d’un village ou d’une petite ville, et pour éviter le gaspillage, la numérisation du réseau permettant son pilotage eau plus proche du temps réeel est essentiel..
Décentraliser les unités de production, décentraliser les financements
Le recours à l’expertise et au soutien des EPL est une fois de plus souhaitable : en effet, elles “s’investissent notamment dans une gestion plus raisonnée des réseaux, en favorisant de nouveaux usages, grâce par exemple aux nouveaux outils qui permettent de contrôler en temps réel la consommation énergétique. » note Rémi Martial.
L’élu préconise également de repenser les techniques de financement des projets EnR et smart grids : « Cette décentralisation des unités de production d’énergie doit nécessairement être accompagnée par une décentralisation des mécanismes de financements, afin que chaque euro dépensé dans un projet de modernisation des infrastructures le soit à profit » défend-il.
Une planification locale, organisée par les collectivités
En effet, un projet de petite taille nécessite une planification et des investissements précis, correspondant aux besoins réels : qu’il s’agisse d’une unique éolienne adaptée à une réalité locale, d’une petite unité photovoltaïque pensée en fonction des besoins d’un territoire, ainsi que toutes les stratégies micro-grid.
Et si les EPL peuvent soutenir ces projets, les collectivités ont le devoir de les porter et de l’accompagner au plus près des petits producteurs et des consomm’acteurs. Qu’ils vivent en campagne, dans une petite ville ou dans une grande métropole : « l’implication de chaque collectivité est essentielle : c’est, en effet, à chacune d’entre elles de jouer la partition qui lui correspond le mieux, de se façonner une déclinaison « smart » taillée sur-mesure » complète Rémi Martial.