Dans un continent africain où l’accès à l’électricité pose souvent un problème, le déploiement des smart grids serait une excellente réponse aux défis énergétiques de demain. Dans l’optique de moderniser un réseau électrique souvent défaillant, les solutions intelligentes semblent s’imposer en Afrique.

Au départ, un constat : l’Afrique est, de loin, le continent où l’accès à l’électricité est le plus limité. En 2008, 558 millions d’Africains étaient privés d’électricité, soit 50% de la population du continent, estimée à 1,1 milliards d’habitants.

Dans de nombreuses régions du continent, la seule source d’électricité disponible est un groupe électrogène par village, et une grande majorité de pays d’Afrique connaissent la « panne de la nuit » : la demande en électricité, maximale au moment où la nuit tombe, provoque régulièrement des saturations des réseaux électriques. Mais la donne est en train de changer.

Les projections pour 2030 font état de 652 millions de personnes n’ayant pas accès à l’électricité, sur une population totale de 1,68 milliards d’habitants (soit 38,8%, en baisse sensible). Cela signifie à la fois que le nombre de personnes privées d’électricité va augmenter d’environ 100 millions, mais que, dans le même temps, plus de 450 millions de personnes supplémentaires vont accéder à l’électricité – soit environ la population actuelle de l’Amérique du Nord !

Moderniser les réseaux pour développer l’offre électrique

Ces chiffres s’expliquent par les politiques volontaristes lancées par une majorité des Etats afin d’améliorer l’accès à l’électricité de leurs populations. Les objectifs du continent pour 2025, fixés durant la COP 21, sont particulièrement ambitieux avec la création de 160 GW supplémentaire d’énergies renouvelables (éolien et photovoltaïque) et l’accès à 130 millions de foyers à une énergie verte.

Mais pour fournir ces 450 millions de personnes supplémentaires, les réseaux électriques africains doivent être remis en état, modernisés et agrandis. Ces travaux nécessitent des investissements massifs, financés par des fonds d’investissements et accompagnés d’un soutien logistique. Beaucoup d’observateurs y voient une opportunité d’intégrer les technologies smart grids à ce développement  à grande échelle.

Les smart grids, un investissement rentable pour l’Afrique

Car, malgré leur coût, ces technologies seraient très rapidement rentabilisées – une donnée qui pourrait convaincre les investisseurs de faire cet effort supplémentaire. Avant toute chose, les réseaux intelligents sont beaucoup plus difficiles à pirater qu’un réseau électrique classique, permettant aux opérateurs et gestionnaires de réaliser de substantielles économies en évitant de coûteuses fraudes.

Autre avantage : ils permettent en effet de détecter immédiatement les pannes et problèmes, et agir de manière ciblée, mais aussi de diminuer la perte d’énergie dans les réseaux ou d’éviter les pertes non techniques liées à des problèmes de comptage ou de relève. Le réseau rendu intelligent serait donc plus fiable, les coupures limitées, et la qualité de fourniture améliorée.

Les smart grids permettraient de plus d’améliorer la gestion de l’énergie, de rendre le réseau bidirectionnel, et d’intégrer ainsi plus largement les énergies renouvelables.

Les micro-grids, une excellente solution pour les zones déconnectées du réseau national

La conjonction d’un smart grid et d’une source d’énergie renouvelable est également une excellente réponse aux problèmes énergétiques des zones rurales ou isolées, trop éloignées du réseau national.

La mise en place d’un micro-grid avec unité de stockage et piloté par une plateforme de gestion pourrait fournir en électricité ces zones coupées du réseau national, sans avoir à effectuer de coûteux travaux de raccordement sur longues distances – et pour un bilan financier et environnemental bien meilleur qu’avec un groupe électrogène !

Bien évidemment, de nombreux défis sont à relever pour faire bénéficier le continent africain de ces opportunités. Au-delà de la question centrale des financements, des efforts de formation des techniciens locaux sont nécessaires. Il faudra aussi assurer techniquement les liens entre les anciens réseaux obsolètes et les nouveaux smart grids.

Reste que cette mutation technologique est une opportunité que le continent ne doit pas laisser passer, et pour laquelle les pays industrialisés doivent se mobiliser.