L’éclairage et la gestion intelligente de l’électricité, du gaz et de l’eau seraient les investissements les plus rentables dans le cadre des dispositifs à mettre en place dans les smart cities en France, révèle une étude commandée par la Caisse des Dépôts.

Alors que la smart city gagne progressivement du terrain en France et que de nombreuses villes s’équipent de technologies connectées, la question de leur rentabilité se pose légitimement. Parmi toutes ces nouveautés numériques, quelles sont celles qui permettent réellement de faire des économies et de simplifier le quotidien, et quelles sont celles qui tiennent davantage du gadget ?

Cinq dispositifs sur le banc d’essai

Pour y répondre, la Caisse des dépôts, le Syntec numérique et les pôles de compétitivité Systematic et Advancity ont commandé aux cabinets Citizing et Opencitiz, une étude comparative de cinq dispositifs clés de la smart city. Sur le banc d’essai : l’éclairage intelligent, la gestion intelligente de l’eau, du gaz et de l’électricité, la gestion intelligente des places de parking, les poubelles connectées, les guichets numériques. 

Pour mesurer leur rentabilité, les analystes ont couplé des données financières brutes (économie d’argent réelle ? Au bout de combien de temps ?) avec des externalités sociales et environnementales, notamment. Ils se sont appuyés sur cinq expérimentations à échelle réelle.

L’éclairage intelligent confirme sa rentabilité

Sans grande surprise, au regard du niveau de consommation en électricité des Français, les dispositifs les plus rentables sont ceux directement liés à la gestion de l’énergie et de l’électricité. L’éclairage public intelligent et la gestion intelligente des réseaux d’électricité, de gaz et d’eau sont les dispositifs les plus rentables. 

A Rillieux-la-Pape, une ville de 35 000 habitants située dans la métropole lyonnaise, tous les lampadaires ont été équipés d’ampoules LED et de détecteurs de présence, pour faire varier l’intensité lumineuse en fonction du flux de passage. L’investissement de 3 millions d’euros sera rentabilisé au bout de 11 ans, et, sur les 20 ans de durée de vie des lampadaires, ce sont bien 2,5 millions d’euros d’économie que le dispositif offrira à la ville. Cerise sur le gâteau, l’éclairage intelligent offre en plus un impact socio-économique plus que positif, entre la baisse des émissions de CO2, celle des accidents de la route et même de la criminalité – grâce à des rues mieux éclairées.

Gestion intelligente de l’électricité, du gaz et de l’eau : rentable avec un impact positif pour l’environnement

C’est dans le Nord, dans des collèges équipés, que l’étude a analysé l’impact de la gestion intelligente des flux – électricité, gaz et eau. Concrètement, il s’agit d’une gestion intelligente « simple » : des capteurs permettent de calculer la consommation en temps réel et de détecter panne ou fuite sur le réseau. Elle n’inclut pas de technologies smart grids « avancées », avec l’intégration d’énergies renouvelables, la mise en place de décalages de consommation ou la gestion du stockage de l’électricité.
Mais cette gestion « simple » a d’ores et déjà démontré sa rentabilité. En investissant 2 millions d’euros pour installer ces capteurs, le seuil de rentabilité sera atteint en 6 ans, ce qui générera un bénéfice net estimé à 3,7 millions d’euros sur dix ans. Les factures seront moins élevées et les coûts liés à la maintenance réduits.

Les dispositifs smart liés à l’énergie sont ceux dont la rentabilité économique est la plus forte

L’étude pointe également la rentabilité de la gestion intelligente des places de parking, mise en place à Strasbourg, et qui permet de mieux connaître l’utilisation de la voirie, des véhicules en infraction et offre aux usagers la possibilité de détecter les places libres. Au final, des recettes en hausse et des émissions de CO2 en baisse.

Le cas des poubelles connectées, analysées dans le Grand Besançon, est plus nuancé : le dispositif équipe les bennes de capteurs et fait varier la taxe des ordures ménagères en fonction du poids de déchets collectés.  

Enfin, les guichets connectés mis en place en zone rurale dans les Hautes-Alpes, pour permettre aux habitants d’accéder aux services publics sans avoir à se déplacer, sont un échec. Une centaine d’utilisateurs par an utilisent ce dispositif, qui ne génère aucune recette.

En conclusion, cette étude confirme à quel point les dispositifs smart liés à l’électricité, aux énergies renouvelables et à l’énergie de façon générale sont d’ores et déjà les plus matures, et ceux dont la rentabilité est la plus forte, par opposition aux autres dispositifs.