C’est une petite révolution qui s’est confirmée début septembre 2017 : la métropole de Dijon a désigné les vainqueurs de son appel d’offre pour la mise en place de son plan « Smart City ». Un consortium, composé de Bouygues et de Citelum, une filiale d’EDF, pilotera la transformation de la ville bourguignonne, qui pourrait devenir la première ville intelligente française. Coup de projecteur.

Le résultat de l’appel d’offre, lancé en mars 2017, a été rendu public le 7 septembre 2017 par François Rebsamen, président de la métropole dijonnaise : un consortium composé à 50-50 de Bouygues et de Citelum, une filiale d’EDF, l’a emporté. La mise en place de l’ambitieux projet sera effectuée en collaboration avec Suez, gestionnaire des eaux de Dijon, et Capgemini. Il s’agit de faire basculer la métropole bourguignonne dans le troisième millénaire en la transformant en la première Smart City française.

 

« Un projet d’une ampleur inédite, qui embrasse l’ensemble des grandes fonctions urbaines »
En France, des projets de ce type ont été mis ou vont être mis en place, mais toujours à l’échelle d’un quartier ; cette fois, c’est une métropole de 24 communes et de 265 000 habitants qui s’est donné l’ambition de devenir pleinement connectée à l’orée des années 2030. La métropole et le consortium ont signé un contrat sur 12 ans, pour une somme estimée entre 105 et 120 millions d’euros, dont 53 millions d’investissements.

« C’est un projet d’une ampleur inédite, qui embrasse l’ensemble des grandes fonctions urbaines » a souligné François Rebsamen. Seront concernés, entre autres, les transports, l’éclairage public, la vidéosurveillance, les feux tricolores, la qualité de l’air, les bornes d’accès au centre-ville, l’eau, la gestion des déchets… Un vaste système d’objets connectés, de caméras, de véhicules publics géolocalisés et munis de capteurs, enregistrera en temps réel l’état de l’ensemble des services publics de la ville, et enverra ces données à un centre de commandement unique.

 

Une plateforme de pilotage unique et connectée

Ce centre pourra confronter ces données à celles envoyées par les services de la ville et par les usagers, et offrir un pilotage en temps réel de la nouvelle ville connectée. Cette plateforme de pilotage sera opérationnelle dès fin 2018, et remplacera les différents postes de contrôle existants actuellement (police municipale, PC sécurité, Allô Mairie). Elle sera commandée par une équipe d’opérateurs mixant le public et le privé, sous l’autorité d’un représentant de la police municipale, et décidera des interventions en fonction des besoins.

Les citoyens seront appelés à participer et à signaler tout dysfonctionnement (encombrant sur la voie publique, accident, etc.) et seront tenus au courant de leur résolution. A l’inverse, le poste de pilotage pourra les tenir au courant en temps réel du trafic routier, de la qualité de l’air ou des places de parking disponibles à proximité.

 

Rénovation de l’éclairage urbain pour économiser 65% d’énergie

L’un des grands chantiers de ce projet est la rénovation complète de l’éclairage urbain, pour le remplacer par des LED qui se déclencheront uniquement en cas de présence de piétons ou de véhicules. En vue, une économie d’énergie de l’ordre de 65% sur les 34 000 points lumineux de la ville, soit 15 millions d’euros sur la durée du contrat.

Cette gestion intelligente de l’éclairage public préfigure d’ailleurs une gestion intelligente de l’énergie, qui n’est pas prévue dans le contrat actuel, mais la métropole disposera de tous les éléments nécessaires pour la déployer quand elle le décidera. En effet, à l’horizon 2020, Dijon aura achevé la mise en place de capteurs dans toute la métropole, le système de transmission de données et de pilotage, et la généralisation des compteurs électriques intelligents. La bascule vers un réseau électrique intelligent sera grandement facilitée par ce contexte, et nul doute qu’une ville se voulant à la pointe de la technologie saura sauter ce pas.

 

Un traitement des données open data pour une dynamique participative

Autre particularité du projet de Smart City à Dijon : le traitement des données sera en open data. Dans le détail, à l’exception des données personnelles, les usagers pourront librement accéder à l’ensemble des données collectées et traitées par le centre de pilotage. « L’open data est un choix politique délibéré. Les données numériques qui remonteront au centre de pilotage sont un bien public, et hormis les données personnelles, l’intégralité sera accessible à tous. » explique ainsi François Rebsamen.

Cela permettra aux citoyens de se tenir informés en temps réel de la façon dont la ville est gérée, dans une dynamique participative particulièrement stimulante. L’un des objectifs est également d’inciter les start-up locales à développer des applications grand public qui permettront de valoriser ces données. Bien évidemment, la ville restera propriétaire de ces données et mettra en place une gouvernance précise pour encadrer leur utilisation.
La métropole de Dijon va ainsi devenir une éclaireuse dans le développement des Smart Cities en France – offrant un exemple qui sera sans doute suivi par d’autres municipalités.