Historiquement très dépendant du pétrole, le Danemark a révolutionné son modèle énergétique depuis un demi-siècle pour aujourd’hui produire près de la moitié de son électricité grâce à l’énergie éolienne. Et il ne compte pas s’arrêter là !

En 1972, le Danemark était l’un des pays de l’OCDE les plus dépendants du pétrole, qui représentait 92 % de sa consommation énergétique. En 2022, soit 50 ans plus tard, la nation d’à peine 6 millions d’habitants ambitionne d’atteindre 70 % de sa production d’électricité à partir des énergies intermittentes. Pour en arriver là, et à plus long terme se passer complètement d’énergies fossiles d’ici 2050, le chemin a été long. Après trois plans énergétiques successifs en 1976, 1981 et 1990, il est d’abord parvenu à réduire de moitié sa dépendance à l’or noir en 1996. L’année suivante, le ministère de l’environnement a choisi l’île de Samsø, au sud du pays, pour y expérimenter un projet d’autosuffisance, basé à 100 % sur les énergies renouvelables. Ce faisant, d’importants investissements ont été consentis pour la construction d’éoliennes terrestres et maritimes, qui pourvoient aujourd’hui près de la moitié de l’électricité du pays.

Quand le vent se fait plus rare, c’est l’hydraulique norvégien qui prend le relais, conformément aux accords de solidarité transfrontalière entre les pays scandinaves. Pour financer ces dépenses, le Danemark a instauré une taxe carbone élevée, qui se répercute sur les factures de chauffage des ménages. Elle représente plus de 65 % du prix final, contre environ 35 % en France, selon Eurostat. Mais les résultats sont bien là puisque la part du charbon a dégringolé de 90 % à 28,8 % dans le mix électrique entre 1990 et 2016, et que les émissions de gaz à effet de serre (GES) ont été réduites de 27 % entre 2005 et 2015, parallèlement à l’augmentation du PIB sur cette période (+7 %), selon les données de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

Objectif : zéro combustible fossile à l’horizon 2050

Dans un rapport publié fin 2017, les chercheurs de l’AIE ont salué les importants efforts de décarbonation du Danemark, qui fait parti aujourd’hui des plus faibles émetteurs de GES parmi les pays développés, et ce malgré l’absence de parc nucléaire. D’après l’AIE toujours, le pays devrait atteindre ses différents objectifs énergétiques fixés pour 2020, comme celui de porter la part d’énergies renouvelables à 30 % de la consommation finale d’énergie, « sans efforts supplémentaires ». Il se trouverait également « sur la bonne voie » pour embrasser un modèle sans combustible fossile à l’horizon 2050.

Afin de maintenir la cadence, l’État danois a récemment obtenu plusieurs autorisations de la Commission européenne en faveur du développement des énergies intermittentes, qui se poursuit sur le territoire national. En 2018 et 2019, deux appels d’offres pour un budget de 112 millions d’euros doivent être lancés à destination des fournisseurs d’électricité utilisant des technologies éoliennes et solaires. Un soutien sous forme de prime publique s’ajoutera notamment au prix du marché. Une deuxième enveloppe de 27 millions d’euros servira également à aider la recherche et le développement dans le domaine des éoliennes terrestres, qui bénéficiera aussi d’un troisième financement de 5 millions d’euros. Ces aides seront accordées pour une durée de 20 ans à compter de la date de raccordement au réseau.

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