Le véhicule électrique profite d’un contexte particulièrement porteur, bénéficiant en priorité des aides étatiques en faveur du secteur automobile. Le développement de la mobilité électrique ne pourra cependant se faire sans s’appuyer sur les réseaux, qui constituent la clé de voûte du système.
Coup d’accélérateur pour la voiture électrique : Emmanuel Macron a présenté, le 26 mai, un nouveau plan de soutien à la filière automobile française. Le secteur, qui emploie 400 000 personnes et réalise plus de 50 milliards d’euros d’exportations chaque année, a été durement éprouvé par la crise sanitaire, enregistrant une baisse moyenne d’activité de l’ordre de 80%. Si le gouvernement met plus de 8 milliards d’euros sur la table, ces aides ne sont cependant pas « gratuites », et s’accompagnent de conditions visant à rendre notre industrie automobile plus compétitive et, surtout, plus respectueuse de l’environnement.
Les atouts de la mobilité électrique
Ces mesures vont dans la bonne direction. Parmi elles, citons le passage du bonus pour l’achat d’un véhicule électrique de 6 000 à 7 000 euros, la mise en place d’un bonus pour l’achat d’une voiture hybride rechargeable, l’augmentation de 3 000 à 5 000 euros de la prime à la conversion pour les ménages modestes, l’accélération du renouvellement des flottes de véhicules publiques ou encore celle du déploiement des bornes de recharge électrique, dont le nombre devrait atteindre 100 000 d’ici 2021 – au lieu de 2022. Autant de signaux positifs, qui s’inscrivent résolument dans une trajectoire de décarbonation du secteur automobile tricolore.
Décarboner nos transports est, en effet, un enjeu majeur de la transition écologique. À lui seul, le secteur, qui repose à 94% sur les énergies fossiles, est responsable de 30% des émissions de gaz à effet de serre (GES) émises dans l’Hexagone ; c’est aussi le seul dont les émissions de GES ont augmenté en France depuis 1990. Les annonces du gouvernement en faveur du véhicule électrique constituent donc une bonne nouvelle, permettant à notre pays de réduire son empreinte carbone et d’améliorer la qualité de l’air – deux des bénéfices principaux des voitures électriques. En prenant en compte l’ensemble de son cycle de vie, une citadine électrique émet ainsi, en moyenne, 63% de moins de GES que son équivalente essence, d’après une étude approfondie pilotée par la Fondation pour la Nature et l’Homme et European Climate Foundation. Et, en roulant, un véhicule électrique ne rejette aucun polluant dans l’atmosphère, ce qui contribue, particulièrement en ville, à l’amélioration globale de la qualité de l’air.
Le réseau, la clé de voûte du véhicule électrique
Reste qu’un véhicule électrique, aussi propre soit-il, ne va pas loin sans… électricité. Ni sans infrastructures de recharge efficaces, elles-mêmes reliées au réseau électrique. Le réseau sera, à ce titre, la véritable clé de voûte du développement du véhicule électrique, et donc de la transition verte du secteur automobile. Nulle crainte à avoir de ce côté-là : d’une part, les innovations en matière de mobilité électrique sont appelées à s’intensifier à l’avenir ; de l’autre, le réseau électrique français est tout à fait prêt à « supporter » ces nouveaux usages, les points de recharge des véhicules électriques s’insérant facilement dans les infrastructures existantes. Enfin, il faut compter sur la capacité des utilisateurs eux-mêmes à optimiser leur recharge, en la déclenchant aux moments où le réseau est le moins en tension – et où l’électricité est la moins chère.
Plus qu’une contrainte sur le réseau, l’arrivée massive des véhicules électriques pourrait même représenter, demain, un atout au service de ce même réseau. Grâce à la technologie Vehicle-to-grid (V2G), la batterie d’une voiture, couplée à un chargeur bidirectionnel, peut ainsi se recharger en dehors des heures de pointe, et même injecter l’excédent d’énergie dans le réseau quand celui-ci est soumis à une forte demande. En quelque sorte, les voitures compatibles V2G fonctionneraient comme de véritables centrales électriques – virtuelles, miniatures et flexibles – permettant d’équilibrer le réseau. On pourrait même imaginer que l’excédent de production en énergies renouvelables serve à recharger les véhicules électriques. Contribuant, ainsi, à décarboner encore davantage une mobilité résolument plus respectueuse de l’environnement.