Un rapport de l’IRENA révèle que les politiques actuellement menées par l’Union Européenne seront insuffisantes pour atteindre l’objectif de 27% de renouvelables dans le mix énergétique en 2030. En revanche, ce même rapport pointe qu’une politique volontariste et ambitieuse de l’Union pourrait faire monter ce chiffre à 34%.
Remis le 19 février 2018 au Commissaire européen Miguel Arias Cañete, un rapport de l’International Renewable Agency (ou IRENA) pointe les limites des politiques menées par l’Union Européenne en matière d’énergies renouvelables.
Sans changement de politique, l’UE plafonnera à 24% de renouvelables en 2030 d’après l’IRENA
Entre 2005 et 2015, la part d’énergies renouvelables dans la consommation totale d’énergie de l’Union est passée de 9% à 16,7%. Mais, selon l’IRENA, les législations actuellement en place seront insuffisantes pour atteindre l’objectif fixé pour 2030, à savoir 27% du mix énergétique.
Les experts de l’IRENA estiment que, sans changement de politique des 28, l’Union Européenne atteindra au mieux les 24% de renouvelables en 2030. En revanche, ce même rapport souligne qu’un infléchissement massif des investissements vers les renouvelables permettrait de largement dépasser cet objectif, et atteindre 34% d’énergies renouvelables dans la consommation totale en 2030.
34% d’énergies renouvelables : un objectif atteignable
Un scénario optimiste reste possible. Baptisé « REmap » par l’IRENA, en opposition au scénario de référence de l’Union Européenne, défini dans le paquet « Energie propre pour tous les Européens » de novembre 2016 ; il s’appuie sur un état des lieux des technologies et des capacités d’investissements actuellement disponibles dans l’Union.
Le principal levier de ce scénario REmap est un développement massif de l’éolien et du photovoltaïque : le document de l’IRENA mise, à l’horizon 2030, sur un total de 327 GW d’éolien installés dans l’Union Européenne (soit 97 GW de plus que le scénario « de référence »). Pour le photovoltaïque, le scénario REmap table sur 272 GW de photovoltaïque (soit 87 GW de plus).
Augmenter les investissements à hauteur de 0,3% du PIB de l’Union
Dans ce scénario, la part de renouvelables dans la production d’électricité approcherait les 50% en 2030 – dont 29% de renouvelables intermittents. Ce qui nécessiterait des investissements considérables dans la conversion des réseaux électriques aux smart grids. Ainsi, ils seraient en capacité d’absorber cette part d’énergies renouvelables intermittentes, par un pilotage de la consommation, des techniques d’effacements ou l’installation d’unités de stockage à grande échelle.
En matière de coût l’IRENA estime justement que ce scénario REmap nécessiterait « des investissements supplémentaires (par rapport au scénario de référence) d’environ 368 milliards d’euros d’ici 2030, soit l’équivalent d’une contribution annuelle moyenne de 0,3% du PIB de l’UE ».
Une rentabilité plus qu’assurée…
Ces investissements seraient cependant plus que compensés par les économies qu’ils provoqueraient. La réduction d’émissions de gaz à effet de serre provoquée par cette révolution des renouvelables conduirait à une baisse des dépenses de santé publique et d’environnement estimée par l’IRENA entre 52 et 133 milliards d’euros par an – soit, sur dix ans, entre 141% et 308% de l’investissement consenti.
De plus, ce chiffre ne prend pas en compte la baisse sensible des importations de combustibles fossiles, qui représenterait une autre source d’économie. Parmi les autres avantages induits par ce scénario, citons une amélioration de la balance commerciale européenne, un désenclavement de régions rurales pauvres ou une lutte accrue contre la précarité énergétique.
… mais qui risque de convaincre difficilement les Etats membres
Mais le fait que sa rentabilité soit démontrée ne signifie pas que ce scénario REmap sera adopté facilement par l’Union Européenne. La Commission Européenne et le Parlement Européen seraient probablement favorables à relever ambitions et objectifs ; mais le Conseil Européen, qui représente les gouvernements des 28 Etats membres,sera plus difficile à convaincre.
Les pays s’appuyant encore largement sur des énergies fossiles comme la Pologne, l’Allemagne, la République Tchèque ou encore l’Italie souhaitent défendre leur modèle économique et industriel. Des éléments à prendre en compte dans l’avènement de l’UE comme figure de proue de la révolution verte et de la transition énergétique.