Au rang des dispositifs clés visant à concrétiser l’alliage de mutations numériques et écologiques, les smart grids semblent être la technologie privilégiée dans une logique d’optimisation de la gestion de l’énergie. En pleine expansion, le secteur pourrait être l’un des plus porteurs en France à l’horizon 2020 avec un potentiel de 25 000 emplois créés et six milliards d’euros de chiffres d’affaires générés. Plusieurs projets de développements urbains accordent une place centrale à cette technologie d’avenir.
Les smart grids au cœur de la stratégie de développement de plusieurs métropoles
Lors du dernier Conseil de Paris qui a eu lieu les 26, 27 et 28 mai, Anne Hidalgo, maire de la ville a présenté les conclusions du document « Paris intelligent et durable – perspective 2020 et au-delà ». Objectif affiché : préparer la ville aux défis numériques, écologiques et d’urbanisation afin de faire de paris une « smart city » d’ici 5 ans. Les objectifs transversaux énoncés devant permettre le succès de ce plan stratégique accorde une place prépondérante aux réseaux et systèmes intelligents et aux smart grids en particulier. Ainsi, dans une communication diffusée à l’issue du Conseil, la Mairie de Paris indique qu’a été déposé plusieurs dossiers d’appel à projets européens notamment pour une « architecture smart grid ouverte ».
Outre cela, les smart grids feront également partie du dispositif visant à « rendre les mobilités plus respectueuses de l’environnement » notamment via les véhicules en libre service comme Velib’ et Autolib’. Un espace massifié de recharge électrique est actuellement à l’étude et l’on sait d’ores et déjà qu’il sera « équipé de technologies de type smart grid afin de ne pas surcharger le réseau électrique ».
Autre projet, celui de la région Rhône-Alpes qui se porte candidate à un projet de campus dédié aux réseaux électriques intelligents sous l’égide d’ERDF. Ce projet a pour objectif de valoriser la filière dans cette région qui représente à elle seule 40% de la recherche sur les smart grids en France. Jacques Longuet, directeur Rhône-Alpes d’ERDF explique « l’objectif est de créer un pôle d’expertise pérenne sur les smart grids. Nous avons une longueur d’avance en Rhône-Alpes ». Il ajoute « de nombreux projets sont en phase de préindustrialisation voire d’industrialisation. Il s’agit de conserver en Rhône-Alpes la dynamique acquise dans le domaine des smart grids pour favoriser rapidement le passage d’un territoire d’expérimentation à un territoire industriel ».
Des dispositifs au secours du réseau électrique européen
En Europe, l’année 2015 devrait marquer un tournant dans la politique énergétique vis à vis des réseaux intelligents. En effet, en attendant la construction de l’Europe de l’énergie, beaucoup d’Etats membres lancent des réflexions autour de la mise en place de réseaux electriques intelligents.
En Italie par exemple, la société d’électricité Enel a équipé le pays de 32 millions de compteurs intelligents avec pour principal objectif la baisse de la facture d’électricité des ménages italiens. En Belgique, le groupe ABB compte investir plus de 35 millions d’euros dans la mutation de son réseau électrique afin d’accorder une plus large place aux réseaux intelligents et aux énergies renouvelables. En Autriche également, le fournisseur d’énergie Salzburg AG s’est associé à Itron, multinationale spécialisée dans les solutions technologiques (compteurs, systèmes de communication…) pour élargir son offre avec une nouvelle solution de réseau intelligent nommée OpenWay Riva. Salzburg AG compte ainsi tester son réseau « dans une configuration smart grids, comprenant capacités de commutation à distance, lecture des compteurs intelligents et résilience ».
La coopération entre pays est également à l’honneur avec le premier appel à projets sur les smart grids émanant de l’initiative européenne ERA-Net Smart Grids Plus qui vise à promouvoir le développement des pilotes et demostrateurs. Parmi les conditions pour répondre à cet appel à projet, les porteurs doivent former des consortiums dans lesquels figureront au moins deux pays européens.
La France est associée à cette démarche via les Investissements d’avenir coordonnés par l’ADEME et contribue à hauteur de 3 millions d’euros sur les 40 millions d’euros alloués au projet.