La Chine a ouvert le mois dernier le plus grand parc photovoltaïque flottant du monde, avec une puissance installée de 40MW. Un record qui devrait être pulvérisé dans les mois ou les années qui viennent, tant cette solution se développe un peu partout dans le monde, jusqu’en France où le premier projet expérimental de ce type devrait voir le jour d’ici la fin de l’année en Alsace.
Le principe est simple : quand la place manque au sol ou sur les toitures, pourquoi ne pas installer des panneaux solaires photovoltaïques sur l’eau ? L’idée peut sembler saugrenue, mais en plus d’être réaliste techniquement, elle présente de nombreux avantages.
Bien évidemment, les étendues d’eau concernées doivent être calmes et planes. Les industriels proposent désormais des flotteurs suffisamment performants pour pouvoir y installer des panneaux solaires en nombre.
Une localisation qui permet d’accroître les rendements
Cette solution présente également d’autres avantages : le centre d’un lac ou d’un étang est une zone qui n’est jamais à l’ombre, donc qui dispose d’un ensoleillement maximal, et surtout la fraîcheur de l’eau permet d’éviter la surchauffe des capteurs et d’en améliorer le rendement.
Jusque fin mai 2017, la plus grande installation de ce type, mise en service par l’entreprise française Ciel et Terre, se trouvait au Japon, dans la région de Tokyo, installée sur un réservoir d’eau destinée à alimenter les rizières. Elle présente une puissance de 7,5 MW.
Un parc flottant record en Chine, bientôt dépassé par l’Inde et l’Australie
Ce record vient d’être largement battu par une installation inaugurée en Chine, dans la région charbonnière de Huainan : un lac s’y est formé suite à des affaissements de terrain produits par l’activité minière et des inondations violentes. La société Sundgrow y a installé des centaines de panneaux photovoltaïques sur flotteurs : cette étonnante centrale a été raccordée au réseau chinois le 30 mai 2017, pour une puissance totale de 40 MW.
Mais, preuve que cette technologie est chargée de promesses, ce record ne devrait pas tenir très longtemps. Une centrale de ce type est en construction sur un lac dans le sud de l’Australie et devrait proposer, une fois achevée, une puissance de 330 MW. Mieux, en Inde, une surface aquatique de 10 kilomètres carré est en train d’être recouverte de panneaux solaires flottants : la puissance installée atteindra 648 MW.
En France, le photovoltaïque flottant en phase expérimentale
En France, la dynamique est plus modeste mais a le mérite d’exister : alors qu’un projet de photovoltaïque flottant sur un lac dans le Vaucluse est en discussion depuis des années, la commune alsacienne d’Illkirch, dans la banlieue de Strasbourg, devrait inaugurer le premier parc flottant de France cet automne.
Le projet porte sur une petite installation expérimentale, installée sur l’étang artificiel de Girlenhirsch. Partant du constat que l’espace manque sur les toits pour installer des panneaux solaires et de la rentabilité de cette technologie, la métropole de Strasbourg est déterminée à développer le solaire flottant. L’objectif est de produire 40 000 kWh par an, de quoi soutenir la production électrique locale.
Une mission pédagogique pour les panneaux photovoltaïques sur flotteur
Un autre avantage de cette installation est qu’elle sera visible des visiteurs du lac artificiel, rendant concrets et spectaculaires les efforts de transition énergétique, tout en ayant un rôle pédagogique : en attirant la curiosité des passants, le site les incitera à se renseigner et à découvrir le fonctionnement de cette technologie.
« Situés en parc urbain, à proximité d’une promenade, ces panneaux pourront aussi montrer qu’ils ne sont pas sans conséquence directe sur nos besoins et nos modes de consommation », explique Emmanuel Bachman, adjoint au développement durable d’Illkirch. En cas de succès de ce projet, la commune a déjà choisi un site plus vaste, l’ancienne gravière ETM, où pourraient être installés de nouveaux panneaux photovoltaïques flottants.