Le démonstrateur français du projet européen Interflex vient d’entrer dans sa deuxième année et sa deuxième phase, celle de l’expérimentation. Testant grandeur nature des solutions smart grids qui pourront être ensuite déployées à l’échelle industrielle, Nice Smart Valley va consacrer l’année 2018 à travailler sur la flexibilité et l’îlotage. L’îlotage permettant de découpler temporairement une partie du réseau et de le gérer et alimenter localement, à partir des ressources locales.

Interflex est un projet européen d’envergure, mis en place dans le cadre d’Horizon 2020, le plus vaste programme européen de recherche et d’innovation : six démonstrateurs ont été sélectionnés parmi 28 candidats pour tester à échelle réelle des solutions de flexibilité électrique via des technologies smart grid.

« Accélérer la transition énergétique en développant des solutions pré-industrialisables »

Interflex s’appuie sur quatre grands thèmes : l’automatisation du réseau de distribution permettant l’intégration sur le réseau électrique des énergies renouvelables produites localement (éolien et photovoltaïque essentiellement) ; l’amélioration de l’efficacité énergétique la mobilisation des consommateurs dans l’optimisation énergétique (demand response); le stockage de l’énergie ; et enfin les véhicules électriques et le développement des bornes de recharge intelligente. InterFlex s’appuie sur six démonstrateurs sont installés dans cinq pays : France, Allemagne, République Tchèque, Pays-Bas et Suède.

Nice Smart Valley est le démonstrateur français d’Interflex ; il est le fruit d’un partenariat entre la Métropole Nice Côte d’Azur et de six industriels de premier plan : Enedis, qui pilote le projet, GRDF, EDF, Engie, GE Grid Solutions et Socomec. Sa vocation est « d’accélérer la transition énergétique en développant des solutions pré-industrialisables, rentables et duplicables sur les autres territoires», expose Bernard Mouret, directeur régional d’Enedis.

2017 : mise en place ; 2018 : expérimentations ; 2019 : collecte des données

Le démonstrateur a pour mission de tester les flexibilités en appui du réseau, les systèmes de stockage et l’îlotage. Il se déploie dans un territoire très varié, sites urbains, ruraux, station de ski, îles, zones industrielles, zones commerciales : « Toutes les configurations géographiques avec leurs problématiques sont représentées pour renforcer la pertinence de cette expérimentation» détaille Christian Estrosi, président de la Métropole.

Nice Smart Valley vient d’entrer dans sa deuxième phase, l’expérimentation : « 2017 a été l’année de mise en place des cas d’usage et du calendrier du projet que nous avons remis en novembre à la Commission européenne. 2018 sera l’année des expérimentations qui devront durer a minima douze mois. Elles débuteront à la fin du premier semestre. Nous sommes en train d’en établir les contraintes techniques et administratives. 2019 sera celle de la restitution des données » développe  Bernard Mouret.

Flexibilité à l’étude sur un échantillon de clients

Concrètement, le démonstrateur azuréen va mettre en place, dans les semaines qui viennent, deux expérimentations principales. La première concerne la gestion des flexibilités : le recrutement des volontaires vient de commencer, Nice Smart Valley vise une quarantaine de clients professionnels et 300 résidentiels sur l’ensemble des zones du démonstrateurs.

Ils verront leurs locaux équipés de chaudières hybrides gaz-électricité, de capteurs ou encore de systèmes de stockage d’électricité, à partir du mois de février. L’objectif est d’obtenir une flexibilité de l’ordre de 2 mégawatts : « nous devons mettre en place une plateforme d’échange entre les fournisseurs EDF et Engie et le distributeur Enedis pour permettre d’utiliser la flexibilité » précise Bernard Mouret.

Au secours des zones reculées grâce à l’îlotage aux îles Lérins

La seconde expérimentation prendra place dans les îles Lérins, et concerne l’îlotage : elle consistera dans l’installation de batteries de stockage, afin de pouvoir faire fonctionner temporairement le réseau de ces îles s’il se trouvait, d’aventure, coupé du continent, et donc du réseau électrique national.

Des systèmes d’autoproduction et d’autoconsommation permettront également d’augmenter la durée de l’ilotage. Dans ce but, un appel à projet vient d’être lancé pour construire une unité de production d’énergie solaire sur ces îles.

Le savoir-faire industriel à l’honneur pour les partenaires de Nice Smart Valley

Pour marquer cette bascule vers les expérimentations concrètes, Nice Smart Valley vient d’inaugurer, le 20 décembre, un showroom de 130 m², sur la Promenade des Anglais : ce lieu ne sera pas ouvert au public, mais réservé aux partenaires et clients, publics et privés, de Nice Smart Valley.

Ce showroom est né « d’une volonté des partenaires français de mettre en valeur le savoir-faire des industriels, notamment à l’international. Il a aussi pour objectif de faire de la pédagogie. Il nous a paru nécessaire, afin de pénétrer le territoire d’expérimentation, de faire comprendre aux élus des Alpes-Maritimes, à l’écosystème, ce que sont les smart grids. Le but est de mieux travailler avec cet écosystème, start-up et autres entreprises. » expose Bernard Mouret.