Preuve que la révolution des énergies renouvelables est mondiale, les pays du Moyen-Orient ont lancé de vastes campagnes d’investissement dans les EnR, profitant d’une puissance financière offerte par leurs mannes pétrolières. Avec le triple objectif de diversifier leur approvisionnement énergétique (et réduire leurs émissions de CO2), d’exporter davantage de pétrole, et de préparer l’après-hydrocarbure.

Les projets d’énergies renouvelables fleurissent partout au Moyen-Orient, couvrant les déserts de centrales photovoltaïques aux tailles souvent hors de mesure. Les Emirats arabes unis sont sans doute l’Etat le plus ambitieux en la matière, puisque le pays s’est fixé l’objectif de 75% d’énergies renouvelables en 2050.

Les Emirats arabes unis : une ambition solaire pharaonique

Symbole de cette ambition, les Emirats arabes unis ont démarré la construction d’un parc solaire aux dimensions pharaoniques : le Parc Mohammed bin Rashid Al Maktoum. 218 MW sont déjà disponibles, 200 MW supplémentaires sont prévus à la fin de l’année, 300 MW seront mis en service en 2019, puis enfin 300 MW en 2020.Parc Mohammed bin Rashid Al Maktoum - Reseau Durable

Mais cet objectif de 1 000 MW pour 2020 n’est qu’un début : « représentant un investissement total de 14 milliards de dollars US, ce parc aura une capacité installée totale de 5 000 MW, créant plus de 1 000 emplois durant son développement et évitant jusqu’à 6,5 millions de tonnes de dioxyde de carbone par an, une fois entièrement opérationnel en 2030 » explique EDF, qui coordonne le projet.

Le pays construit également une centrale solaire thermique gigantesque : une première tranche de 200 MW sera inaugurée en 2021, mais la puissance totale attendue pour 2030 est de 1 000 MW.

Au Moyen-Orient, les pays sont tous entrés dans la danse des renouvelables

Mais ce cas est loin d’être isolé dans la région : pour rendre son mix énergétique plus vert, l’Arabie Saoudite a prévu d’ajouter, d’ici 2032, 41 GW de puissance photovoltaïque, 9 GW d’éolien, 3 GW de biomasse et 1 GW de géothermie.

Le Qatar quant à lui veut multiplier par 60 sa capacité de production électrique d’origine renouvelable d’ici 2030, Oman, la Jordanie, le Bahreïn fourmillent de projets photovoltaïques, l’Iran et le Koweït d’un mix de photovoltaïque et d’éolien.

Moyen Orient renouvelables apres petrole - Reseau Durable

L’équation vertueuse : potentiel énorme, capacité d’investissement, coûts en baisse

Ces pays entendent profiter de l’argent que leur rapporte le pétrole et le gaz naturel pour investir dans des énergies d’avenir, afin de diversifier leur approvisionnement énergétique mais aussi une économie trop largement dépendante des hydrocarbures (qui représentent 80% des revenus du Moyen-Orient).

Par ailleurs, ces pays disposent le plus souvent d’un potentiel conséquent en terme d’énergies renouvelables, notamment pour le photovoltaïque, grâce à des taux d’ensoleillement élevés dans les régions arides ou désertiques. La baisse des coûts des renouvelables achève de rendre l’équation vertueuse pour ces pays.

Adnan Amin directeur international IRENA - Reseau Durable

«Dans le cœur pétrolier du Moyen-Orient, les investissements dans les énergies renouvelables se font à des coûts qui changent vraiment la donne», a déclaré Adnan Amin, directeur général de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA). Un parc photovoltaïque de 300 MW vient ainsi d’être attribué, en Arabie Saoudite, au tarif de 0,023 $ par kWh – un record mondial !

 

Une stratégie énergétique et économique sur le court, moyen et long terme

Développer les renouvelables permet également, à court terme, d’utiliser moins d’hydrocarbures et de pouvoir en exporter davantage. C’est également une réponse aux défis de l’urgence climatique et de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ces pays connaissent souvent une très forte croissance économique et possèdent une consommation par habitant élevée.

A plus long terme, le développement des renouvelables est également une façon de préparer l’avenir, et d’anticiper la fin du pétrole et du gaz naturel. Comme l’explique Maria van der Hoeven, directrice exécutive de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), « les États producteurs d’hydrocarbures ont les ressources financières et ils ont le sens de l’urgence, car à un moment donné les ressources en combustibles fossiles seront épuisées et ils devront changer leur chaîne de valeur économique ».