Fortement impliquée dans la transition énergétique, la ville de Nantes s’est équipée d’une navette électrique autonome. Un projet qui coordonne plusieurs innovations dans le secteur de la mobilité.

Au mois de juin 2018, une navette électrique autonome a circulé dans la métropole nantaise, entre la station de tramway Gare Maritime et la carrière Misery, à Chantenay. Ce minibus de 15 places, 100% électrique, circulait à une vitesse de 18 km/h, sans chauffeur, mais toujours accompagné d’un employé de la régie des transports nantais, pour expliquer et rassurer les usagers.

En novembre, nouvelle expérimentation pour cette navette autonome à Nantes

Deux nouvelles expérimentations sont prévues, en novembre, puis début 2019, sur deux autres sites : « à terme, l’ambition est de pouvoir la faire circuler en milieu urbain dans les zones à 30 km/h au coeur des flux de véhicules », affirme Thierry Jahier, chargé de mission chez EDF Pays de la Loire, membre du consortium pilotant le projet.

Cette navette autonome est en effet l’occasion de tester plusieurs technologies et innovations : des dalles photovoltaïques de voirie souple (développées par l’entreprise de travaux public Charier), la charge et la recharge d’un véhicule électrique roulant toute la journée (gérées par EDF), une intelligence artificielle pilotant le véhicule (créée par le groupe Lacroix).

Produire de l’électricité grâce à des dalles photovoltaïques souples

Le projet voulait être énergétiquement neutre. Il fallait donc accompagner la navette d’une source d’électricité. Cette tâche a été confiée à Charier, qui propose des solutions de récupération d’énergie sur la voirie depuis cinq ans. Et si le groupe avait déjà aménagé une piste cyclable construite ex nihilo avec des dalles photovoltaïques, il ne pouvait utiliser cette technologie sur une voie carrossable existante.

Préférer la compensation à l’auto-consommation

Les ingénieurs du groupe de travaux publics ont ainsi développé un revêtement permettant de capter l’énergie solaire, en supportant le passage de milliers de véhicules. Ce prototype de dalle souple permet d’atteindre des rendements  de l’ordre de 70 kWh /m²/an, en pouvant espérer atteindre, à maturité, entre 80 et 100 kWh/m²/an ; il a été installé sur une surface de 34 m² sur le lieu du parking où la navette stationne le soir et la nuit.

Pour limiter le coût de l’expérimentation, le consortium a décidé de renoncer à l’auto-consommation, pour privilégier le principe de compensation. La navette recharge sa batterie à partir du réseau électrique national le soir, les dalles photovoltaïques injectent de l’électricité sur ce réseau en journée. Pour son fonctionnement, la navette nécessite 2 000 kWh/an, quand les dalles souples sont conçues pour produire 2.380 kWh/an ; soit un solde positif de 380 kWh/an.

Tester les problématiques de l’électricité de demain

Ce projet est également l’occasion pour EDF de travailler à échelle réelle sur des questions clés de la place de la mobilité électrique dans la transition énergétique – charge et décharge des batteries, injection sur le réseau, intégration de pilotage smart grids…

« On va monter progressivement en puissance au cours des expérimentations. Les charges et décharges sur le réseau électrique peuvent être des contraintes ou des opportunités, qui nous intéressent beaucoup. On peut utiliser le véhicule comme outil pour charger de l’énergie à un endroit et le décharger à un autre », note Thierry Jahier.

Une intelligence artificielle au volant… et des nouveaux usages à découvrir !

Le projet permet également de tester grandeur nature l’intelligence artificielle développée par Lacroix, associée à des capteurs et des caméras : le groupe a développé une unité de bord de route, permettant de communiquer avec la navette et son environnement, pour rendre le véhicule intelligent – et donc autonome.

Ces expérimentations sont également l’occasion de découvrir de nouvelles applications possibles : « cela va permettre aussi de faire émerger des usages encore inexistants et ouvrir des nouvelles voies pour les industriels. Les enjeux proviennent à 90% des kilomètres d’expérimentation. Il y aura de nombreux verrous à lever, sur les usages, les réactions du public, la sécurité et la cybersécurité, qui constitue un véritable enjeu », expose Landry Chiron, directeur de la communication du groupe Lacroix.

Produire de l’énergie, gérer la charge et décharge d’un véhicule électrique, rendre un véhicule pleinement intelligent et donc autonome : trois volets, trois ambitions, au service de la transition énergétique et de la simplification de la vie urbaine.

Photo : © DR Patrick Garçon – Nantes Métropole