La numérisation du réseau a pour corollaire une explosion des données à gérer par les opérateurs. Cette masse de données est traitée dans un cadre réglementaire précis, qui met la sécurité et l’anonymat des citoyens au coeur de la démarche.

Les enjeux du big data

Pour planifier correctement l’équilibre entre production et consommation d’électricité, les réseaux électriques intelligents doivent relever et gérer un nombre considérable de données. Ces data sont souvent de différentes natures et connaissent des degrés variés de protection.

A ce jour, les données produites s’organisent en cinq grands types : opérationnelles (les données techniques décrivant le fonctionnement des installations électriques), non-opérationnelles (sur l’état des infrastructures), relatives aux compteurs électriques (les informations propres à chaque consommateur), relatives à un incident (les données remontées en cas d’événement particulier ou d’incident sur le réseau) et les métadonnées (les autres données nécessaires au traitement et à l’organisation des quatre autre types de données).

L’ensemble de ces données forment un paysage précis et dynamique de la production et de la consommation électrique d’un espace (immeuble, quartier, ville, région, pays), ce qui permet en retour d’optimiser en temps réel l’offre et la demande électrique. La quantité de données gérées par les réseaux intelligents est impressionnante : « Si un réseau électrique produit chaque seconde une quantité de données équivalente à une copie du roman de Charles Dickens, Le Conte de deux cités, une smart grid peut produire 846 copies (ou plus) de Guerre et Paix de Léon Tolstoï chaque seconde » expose un rapport d’Accenture.

 

Des données personnelles particulièrement bien protégées aux niveaux technique et législatif

Parmi ces données, celles qui concentrent le plus d’attention d’un point de vue réglementaire sont les données personnelles. Cette attention se justifie du fait qu’elles contiennent des informations sur l’utilisateur (nom, adresse, coordonnées, etc.) ainsi que tout l’historique de sa consommation électrique, son évolution, son contrat, ses demandes spécifiques, les réponses et questions que le réseau lui a faites, etc.

Pour protéger la vie privée des citoyens, le traitement des données personnelles est donc soumis à des droits, des devoirs et des obligations fixés par la loi. En France, les données bénéficient d’un statut particulier : la loi Informatique et Libertés, puis la Loi pour une République Numérique ont mis en place un cadre très strict pour leur utilisation par des tiers, afin que chaque individu garde constamment le contrôle sur les données qu’il communique – anticipant le règlement européen sur la protection des données personnelles qui entrera en vigueur en mai 2018.

 

Des données publiques construites à partir d’agrégat de données

Données personnelles mises à part, de nombreux smart grids ou smart cities s’appuient sur la logique de l’open data : les données agrégées concernant le fonctionnement du réseau électrique ou de la ville sont publiques, consultables par tous les citoyens, afin de les impliquer pleinement dans les processus de décision. C’est un volet capital du passage à une logique intelligente : l’implication du client, citoyen particulier ou entreprise, est fondamentale. Cette révolution technique doit faire du citoyen un acteur à part entière du réseau ou de la ville intelligente.

Parallèlement, les données personnelles, rendues anonymes par des technologies éprouvées, participent également à la construction des données dites « publiques », car elles concernent l’ensemble d’une collectivité. C’est souvent dans cette brèche que s’infiltrent les craintes des citoyens, qui y voient à tort les risques d’une infiltration dans la vie personnelle, car il est impossible de reconstituer des données personnelles à partir de données anonymisées.

Sur ce point, un effort de pédagogie est indispensable, tant à destination des clients que des collectivités, afin que ces parties prenantes comprennent toute l’importance accordée à la confidentialité des données par les gestionnaires de réseaux. L’adhésion des populations et des collectivités à la révolution des smart grids passera par ce moment de pédagogie.