En matière de développement des énergies renouvelables, de solutions de stockage et de réseaux intelligents, les départements et territoires d’Outre-Mer font figure de pionniers. A la fois parce que c’est nécessaire, parce que les conditions climatiques s’y prêtent et parce qu’une volonté politique forte les y encourage.

Voici bientôt un an que la première station éolienne avec stockage de France est opérationnelle, sur l’île de Marie-Galante, en Guadeloupe, à 6 000 km de Paris. Inaugurée le 30 juin 2016, elle combine neuf éoliennes de 275 kW et une capacité de stockage de 460 kWh, grâce à des batteries Lithium-Ion. Elle assure depuis cette date la consommation en électricité de 3 300 habitants de Capesterre-de-Marie-Galante, soit environ 25% de la population totale de la petite île (12 000 habitants).

La première station éolienne avec stockage est opérationnelle en Guadeloupe

L’efficacité de ce système, qui permet d’économiser environ 600 tonnes de fuel par an, a été démontrée début février 2017, quand des travaux de raccordement ont isolé, pendant 12 heures, Marie-Galante du réseau de la Guadeloupe : la centrale a pu assurer l’alimentation en électricité aux habitants, couvrant à elle seule 40% des besoins d’électricité des 12 000 habitants de l’île pendant la demi-journée.

Marie-Galante est un territoire privilégié pour les installations éoliennes, où le premier parc éolien a vu le jour dès 1997, à Petite Place : le parc a été démantelé en 2013, et remplacé par une nouvelle centrale éolienne, d’une puissance de 2,5 MW.

Des conditions favorables et une dépendance aux importations d’énergies fossiles

Mais le cas de Marie-Galante est loin d’être isolé. En effet, l’Outre-Mer est un terrain privilégié d’expérimentations en matière d’énergies renouvelables et de réseaux intelligents. D’une part parce que ces territoires bénéficient de conditions naturelles (vent, ensoleillement, puissance des marées) souvent idéales pour développer des énergies de ce type. D’autre part parce que les départements et territoires d’Outre-Mer ne sont pas connectés à un grand réseau et ne bénéficient donc pas de l’électricité issue de moyens de productions centralisés et dépendent  aujourd’hui de l’importation d’énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon).

Objectif : 50% d’énergies renouvelables en 2020

La loi sur la transition énergétique prévoit d’atteindre, d’ici 2020, 50% d’énergies renouvelables dans la consommation de l’ensemble des départements et territoires d’Outre-Mer (à l’exception de Mayotte, où l’objectif est de 30%). Pour y parvenir, d’ambitieux plans de développement éolien et photovoltaïque sont en cours de la Réunion à la Martinique, en passant par la Guadeloupe ou la Nouvelle-Calédonie.

Mais l’enjeu essentiel, pour atteindre cet objectif, est, comme à Marie-Galante, celui du stockage pour lisser le caractère intermittent de certaines sources d’énergie renouvelables (EnR).

Le stockage de l’électricité comme enjeu majeur

C’est ce qu’a bien compris l’île de la Réunion, avec son projet PEGASE, une centrale photovoltaïque associée à un système de stockage par batterie Sodium-Souffre : ce projet, développé à Saint-André de la Réunion, permet aujourd’hui à l’île d’atteindre les 32% d’énergies intermittentes dans sa consommation totale.

Des innovations qui se multiplient aux quatre coins du monde

Logiquement, les projets de ce type se multiplient, qu’ils soient à grande échelle, comme la station solaire Toucan de Guyane, qui associe 55 000 panneaux solaires à un système de stockage de 4,5 MWh, ou à l’échelle d’un bourg, à l’image de la station solaire avec stockage par hydrogène du cirque de Mafate à la Réunion.

L’Outre-Mer est à la pointe de la recherche et de l’innovation dans ces technologies cruciales pour l’avenir énergétique du pays tout entier : selon Stéphane Lascaud, chef de projet sur la gestion de l’intermittence chez EDF, les départements et territoires d’Outre-Mer « préfigurent le paysage énergétique du territoire métropolitain dans les prochaines décennies ».