Le marché des véhicules électriques particuliers est en train de décoller, en France et dans le monde. S’il semble certain qu’à moyen et long terme, le véhicule électrique est bien l’avenir de l’automobile, reste à savoir s’il s’imposera progressivement ou s’il fera une percée spectaculaire. Eléments de réponse avec Didier Houssin, président d’IFP Technologies.

Les jours du véhicule à moteur à explosion, essence ou plus encore diesel, semblent comptés. Pas à court terme, certes, mais ce mode de transport présente trop d’inconvénients pour être une option viable à moyen et long terme. Le fait est qu’il utilise des combustibles fossiles, en l’occurrence des dérivés du pétrole, qui présentent le double inconvénient d’être particulièrement polluants et non renouvelables.

Les nombreux atouts du véhicule électrique

Même si de nouveaux gisements sont découverts, le pétrole ne fera, dans les décennies à venir, que se raréfier, entraînant une explosion du coût de l’essence et du diesel.

Une alternative doit s’imposer, et tout porte à croire que le véhicule électrique est celle-là. ette solution sera de plus en plus rentable avec le temps. De nombreux constructeurs et industriels se sont lancés sur ce marché qui commence à décoller.

La France, cinquième pays acheteur de voitures électriques

La barre des 100 000 véhicules électriques immatriculés a été franchie en mai 2017 en France ; le nombre de véhicules immatriculés par an est passé de 5 663 en 2011 à 21 793 en 2016.

Au premier trimestre 2015, la France était le cinquième pays mondial pour la part des véhicules électriques et hybrides dans le total des nouvelles immatriculations, avec 0,8% (pour 3 626 nouvelles immatriculations), ex aequo avec les Etats-Unis, devant l’Allemagne et le Japon (0,6%), mais derrière le Royaume-Uni (1,2%), les Pays-Bas (5,7%) et, surtout, la Norvège (33,1%, soit un tiers de véhicules immatriculés électriques ou hybrides).

Le prix des batteries en baisse continue

Deux éléments essentiels joueront pour déterminer si le véhicule électrique va s’imposer progressivement ou par une franche percée. Le premier est l’évolution du coût des batteries. En cinq ans, le coût des batteries embarquées à été divisé par 5 et leur puissance multipliée par 3, permettant de proposer des véhicules disposant de 300 kilomètres d’autonomie, ce qui semblait impossible voici quelques années.

Les prévisions laissent entendre que les économies d’échelle et les avancées technologiques vont faire baisser ce coût de la même façon dans les 5 années à venir ; ensuite cette diminution des coûts se poursuivra, mais sera plus modeste. On estime que d’ici une trentaine d’années cette technologie sera mûre et son coût stabilisé.

De l’importance des politiques publiques

Le second élément est la politique publique : une volonté politique est nécessaire à la mise en place d’un réseau de recharge électrique le plus dense et le plus efficace possible. A ce niveau, une intégration des bornes de recharge à un réseau électrique intelligent plus vaste semble nécessaire, pour optimiser la charge des batteries.

Au-delà du réseau de recharge, la volonté publique peut mener une politique d’incitation. La Norvège est, de loin, le pays disposant en proportion du plus grand nombre de véhicules électriques et hybrides. Cela s’explique par le fait que l’Etat a proposé des aides financières à l’achat et des aides fiscales conséquentes – comme la France, l’Allemagne ou le Royaume-Uni -, mais a également doté les véhicules électriques d’avantages dans la circulation (voies rapides dédiées) et le stationnement, notamment en centre-ville.

L’évolution semble plus probable, même si des éléments peuvent précipiter une révolution

La vitesse à laquelle le véhicule électrique s’imposera dépendra donc essentiellement des politiques publiques et de l’évolution du coût des carburants fossiles, puisque la baisse du coût des batteries va se poursuivre. Si tous les pays du monde suivent l’exemple de la Norvège ou si le prix du baril de pétrole triple en un an, la révolution électrique peut se produire en quelques années, mais il semble plus probable qu’il s’agira d’une évolution progressive, car les infrastructures et les réseaux électriques doivent s’adapter à cette nouvelle réalité.Les opérateurs réseaux s’y préparent, notamment en Europe et en France, depuis des années, et sont prêts à faire face à ce bouleversement des moyens de transport.