En mai 2015, le gouvernement a annoncé le lancement d’un appel d’offres portant sur le « déploiement d’une puissance de 50 MW d’installations solaires de grande taille en Corse et dans les départements d’Outre-Mer ». Encouragé notamment par les déclarations de la ministre du développement durable, Ségolène Royal, qui considère que l’énergie solaire est « particulièrement adaptée aux systèmes électriques insulaires », cet appel d’offres témoigne du fort potentiel de développement des énergies renouvelables dans les zones insulaires et mal connectées.

Selon plusieurs experts, les énergies renouvelables permettent la mise en place de solutions de distribution et de stockage de l’électricité adéquates afin que ces territoires puissent acquérir une certaine autonomie énergétique. Concernée par l’appel d’offres précédemment cité, la Corse n’est pas novice en matière de mise à profit des énergies renouvelables. Tour d’horizon des réalisations et projets en cours sur l’île de beauté.

Deux parcs solaires à Corte et Castifao

Suite à un appel d’offres lancé par la Commission de régulation de l’énergie (CRE), le consortium Schneider Electric-Saft a remporté deux projets du groupe Langa, pour la construction d’installations photovoltaïques avec stockage en Corse. Selon les termes du contrat, il s’agira de deux parcs solaires situés sur les sites de Corte et de Castifao. Leur particularité ? Une batterie Li-ion de 1 MWh qui fournira une capacité de stockage de l’énergie produite conséquente. Ainsi, chaque centrale disposera d’une puissance d’un mégawatt crête (MWc) et produira environ 1 300 MWh par an. Ce système de stockage devrait permettre d’améliorer la gestion de l’énergie photovoltaïque produite par intermittence et remédier aux faiblesses du réseau électrique insulaire relié de manière partielle au continent. Selon les détails du projet, les batteries serviront à stocker l’électricité produite en journée qui sera redistribuée en soirée, notamment lors des pics de consommation.

Hervé Guérin, directeur général du groupe Langa a déclaré au sujet de ces deux projets : « le développement des énergies renouvelables passe par les systèmes de stockage : ce sont eux qui permettront d’intégrer leur production au circuit de distribution de la manière la plus optimisée. Nous avons été séduits par la solution proposée par Schneider Electric et Saft, deux acteurs français leaders sur leurs marchés. Leur expertise dans le domaine de l’énergie solaire et du stockage d’énergie, la compétitivité de leur offre, et leur présence locale ont été déterminantes dans notre choix ».

Ce dispositif fournira à chacune des centrales concernées la capacité d’alimenter près de 400 foyers et les deux installations devraient être raccordées au réseau d’ici à la fin de l’année.

La Corse, terre d’accueil de plusieurs projets

En 2012 déjà, un appel d’offres de la CRE avait vu la société de production d’énergies renouvelables Akuo Energy remporter 5 projets de centrales photovoltaïques dont 3 en Corse :

  • Olmo 1 : parc photovoltaïque au sol de 4MW avec stockage situé à Aghione
  • Mortella : parc photovoltaïque au sol et sur serres agrinergie de 9MW avec stockage situé à Ghisonaccia
  • Alba Nova : centrale solaire thermodynamique de 12 MW située à Ghisonaccia. (Projet monté en partenariat avec Solar Euromed et la Caisse des dépôts)

Pour Éric Scotto, président et cofondateur d’Akuo Energy, ces projets font figure de « pionniers » dans la transformation de l’énergie solaire en « énergie stable et prédictible » ouvrant la voie « à un marché colossal dans les zones insulaires et mal connectées ». Il affirme : « avec les centrales déjà en service à Bardzour (9 MWc, Réunion) et à Olmo 1 (4 MWc, Corse) et celle qui est en construction à Mortella (7 MWc, Corse), cela porte notre capacité de photovoltaïque avec stockage installée et en construction à 29 MWc. Cela signifie 29 mégawattheures (MWh) de batteries lithium-ion couplées à des centrales d’énergies renouvelables, soit le plus grand parc de ce type. Nous sommes, et de loin, le numéro un mondial ».

Quant à l’apport des batteries de stockage, il explique que cela permet de « maintenir un niveau de puissance constant en absorbant les surplus de production (écrêtage) et en compensant les déficits (lissage) liés à la variabilité de l’ensoleillement. Nous l’avons vérifié sur les centrales en opération de Bardzour et Olmo 1 : nous répondons au cahier des charges de l’appel d’offres de la Commission de régulation de l’énergie. Plus largement, nous transformons l’énergie solaire en une énergie stable et parfaitement prédictible, que l’opérateur de réseaux peut intégrer comme une énergie traditionnelle ».

Éric Scotto fait un pari sur l’avenir et considère ces projets comme des vitrines lui permettant de tabler sur l’installation de 500 à 1000 MW de solaire ou d’éolien avec stockage dans ces zones d’ici 5 à 10 ans.