Le ministre de l’économie Emmanuel Macron a donné un nouveau souffle aux 34 projets d’avenir de son prédécesseur, Arnaud Montebourg, en les mutualisant sous 10 grands thèmes, apportant ainsi cohérence, visibilité et force au programme. Parmi ceux-ci, les Réseaux électriques intelligents (REI/smart grids) dont la filière pourrait représenter 25 000 emplois à horizon 2020 pour un marché mondial estimé à 30 milliards € et en croissance de 10% par an.

La relance par la croissance verte ?

Face à une industrie française « vieillissante » avec la fermeture, en 2014, de 217 usines pour 163 ouvertures, et « un déficit d’investissement de 40 milliards d’euros dans la modernisation de l’outil industriel », les pouvoirs publics se sont mis en ordre de marche. Emmanuel Macron, jugeant que les 34 projets d’avenir de 2013 qui, trop nombreux et ne bénéficiant d’aucune articulation entre eux, n’avaient pas assez de visibilité et de force pour se tourner vers l’international, les a rassemblés en 10 « solutions industrielles ». Avec 3,4 milliards d’euros de budget et un objectif de 110 000 emplois créés, les ambitions sont fortes.

Dans ce projet, la transition énergétique occupe une place centrale avec 4 grands thèmes : Nouvelles ressources, Mobilité écologique, Transports de demain et Ville durable. C’est au sein de ce dernier thème que seront développés les Réseaux électriques intelligents (REI) – aussi appelés « smart grids » –.

Les smart grids, une articulation indispensable et un marché stratégique

Les smart grids sont un préalable indispensable pour accompagner l’augmentation de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique. Ils sont également un complément des autres programmes de la Nouvelle France industrielle, dont le déploiement de bornes de recharge pour véhicules électriques (20 000 en 2016) et le stockage de l’énergie. La loi transition énergétique pour une croissance verte prévoit l’installation de 7 millions de bornes à l’horizon 2030. En ce sens, ils sont la cheville ouvrière du changement de paradigme énergétique dans lequel s’est lancée la France.

Surtout, les réseaux électriques intelligents représentent un marché mondial de 30 milliards d’euros, en croissance de 10% par an. Or la France possède des opérateurs en pointe dans le domaine, notamment ERDF et RTE qui cumulent environ 1 430 000 km de lignes électriques, mais pas uniquement. En effet, « la France peut compter sur des leaders mondiaux dans toutes les technologies concernées » et « la filière emploie actuellement environ 15 000 personnes en France, hors opérateurs de réseaux, universités et centres de recherche publics, pour un chiffre d’affaires estimé à 3 milliards d’euros, dont une bonne moitié à l’export » ; affirme la feuille de route du projet REI.

La France, future référence internationale des réseaux électriques intelligents ?

Plus de la moitié du chiffre d’affaires de la filière hors opérateurs réseaux provenant de l’export, le gouvernement et les industriels ont naturellement orienté la stratégie du projet vers l’attractivité internationale de la filière. Une association a été créée le 16 avril 2015 et rassemble d’ores et déjà une cinquantaine de membres : industriels, académiques, opérateurs de réseaux, PME, pôles de compétitivité, etc. L’association a pour objectif de fédérer les acteurs et d’assurer sa promotion en France et à l’international. Une « route du savoir-faire français » est en cours d’élaboration afin de rassembler et donner de la cohérence au portefeuille de démonstrateurs de réseaux électriques intelligents répartis sur tout le territoire. Ces zones de démonstration devront présenter une palette cohérente de techniques et réalisations couvrant l’ensemble du champ « très large des smart grids », ou « solutions complètes », pour les réceptions de délégations étrangères.

En appui de cette initiative, le gouvernement français offrira aux réseaux électriques intelligents une grande visibilité lors des visites présidentielles et ministérielles à l’étranger, aux côtés des grands industriels comme Airbus, preuve s’il en fallait que l’Etat a de grandes attentes vis-à-vis des réseaux électriques intelligents.

Enfin, la normalisation et labellisation des nouvelles technologies, secteur dans lequel la France est bien présente et influente, sera accélérée, ce qui contribuera au rayonnement de la filière et garantira aux industriels la possibilité d’exporter leurs solutions et leur savoir-faire à l’international tout en accélérant la croissance du marché.