Israël s’est lancé dans une vigoureuse politique de développement des énergies renouvelables pour accélérer sa transition énergétique. Les projets éoliens et photovoltaïques se multiplient, ainsi qu’un étonnant chantier : une grande tour solaire utilisant la technologie thermodynamique.
Signataire de l’accord de Paris, Israël s’est fixé des objectifs élevés en terme d’énergies renouvelables : si elles ne représentent aujourd’hui que 2% de la production d’électricité du pays, celui-ci veut porter cette part à 10% dès 2020 et à 17% en 2030. Pour ce faire, Israël s’est lancé dans une vigoureuse politique de développement des énergies renouvelables.
Ces objectifs, inscrits dans la loi en juillet 2017, sont d’autant plus élevés que la consommation d’électricité d’Israël est en constante augmentation, portée par une croissance démographique et un développement économique qui ne se démentent pas. En 2015, le marché de l’électricité israélien représentait 15 000 mégawatts ; il devrait atteindre les 22 000 mégawatts en 2020.
La découverte de champs gaziers au large des côtes du pays a déjà bouleversé le mix électrique du pays, déterminé à abandonner progressivement ses centrales au charbon au profit de centrales au gaz et d’énergies renouvelables.
Israel: La « plus haute tour solaire du monde » en construction dans le Negev
Sur ce point, Israël entend profiter à plein de sa situation géographique : au nord comme au sud, dans le désert du Negev, le pays profite de vents côtiers forts et réguliers, propices au déploiement de fermes éoliennes. Mais le Negev est également un lieu propice au développement de vastes projets d’énergie solaire.
EDF Energies Nouvelles, leader de la production solaire en Israël, devrait lancer 6 nouvelles fermes photovoltaïques dans cette région d’ici la fin de l’année, qui s’ajouteront aux 11 existantes.
Un chantier plus original est en cours à Ashalim, à proximité de la plus grande métropole du sud du pays, Beer-Sheva : le consortium Megalim, composé du groupe d’investissement israélien Noy Fund, du spécialiste américain du solaire thermodynamique Bright Source et de la branche « Energies renouvelables » de la General Electric, a démarré la construction de la « la plus haute tour solaire du monde », comme la décrit Eran Gartner, directeur du consortium.
Ce projet s’appuie sur la technologie de solaire thermodynamique (ou CSP, pour concentrated solar power) : au contraire du photovoltaïque, qui convertit directement le rayonnement solaire en électricité, le CSP utilise le flux de photons afin de le concentrer en chaleur, puis de le mélanger avec un fluide, avant de produire de l’électricité. Cette technologie impose, pour être rentable, un très fort ensoleillement et beaucoup d’espace, la rendant particulièrement adaptée aux déserts.
Des miroirs intelligents qui suivent la course du soleil
Le complexe d’Ashalim, qui sera achevé à l’été 2018, est composé d’une tour gigantesque, de 250 mètres de hauteur, et d’un parterre de 300 hectares, composé de plus de 50 000 miroirs, offrant une surface réflective d’1 million de mètres carrés. Particularité de cette centrale : les miroirs « suivent la course du soleil comme des tournesols, en tournant et en se penchant afin de récolter un maximum de rayons », détaille Eran Gartner.
Ces miroirs sont autonomes, alimentés par une batterie et pilotés par un réseau Wifi : « en supprimant les câbles entre chaque appareil, nous avons facilité l’installation sur la totalité des 300 hectares du champ, tout en faisant baisser les coûts et en rendant l’entretien de l’ensemble plus aisé », expose le directeur de Megalim.
121 MW de puissance, pour 320 GWhde production annuelle
Le principe de fonctionnement est celui d’une centrale solaire thermodynamique classique : les miroirs réfléchissent l’énergie solaire reçue vers le sommet de la tour et permettent de chauffer l’eau qu’elle renferme. Cette eau à très haute pression atteint une température dépassant les 600 °C. Cette vapeur est ensuite dirigée vers le bas de l’édifice, où elle va entraîner une turbine, produisant ainsi de l’électricité.
La centrale d’Ashalim disposera d’une puissance de 121 MW, pour une production estimée à 320 gigawattheures. Le principal inconvénient de cette technologie est qu’elle demeure encore très chère : 2 à 3 fois plus que celle produite par une centrale au charbon.
Mais Israël a fait un choix politique en déployant cette énergie d’avenir, pour soutenir cette filière émergente. Le CSP présente également l’avantage d’offrir un système de stockage « intégré » : s’appuyant sur la création de chaleur, il peut stocker cette dernière dans des réservoirs à sels fondus. Cela permet de continuer de produire de l’électricité plusieurs heures après le coucher du soleil, et ainsi répondre aux pics de consommation de début de soirée.
L’Agence Mondiale de l’Energie estime que la technologie du solaire thermodynamique pourrait, correctement exploitée, couvrir 11% de la production mondiale d’électricité en 2050.