Le 14 février dernier, l’Institut Montaigne a publié un rapport sur l’avenir de l’énergie solaire en Afrique. Un constat clair en ressort : malgré les difficultés rencontrées par le continent, cette énergie représente une solution prometteuse et économiquement accessible.

Depuis sa création en 2000, l’Institut Montaigne a acquis une certaine réputation au niveau international. Ce think tank indépendant analyse, réfléchit et élabore des propositions concrètes qui sont ensuite adressées aux pouvoirs publics. Dernier exemple en date : son travail réalisé autour de la place de l’énergie solaire en Afrique.

 

Obstacles et opportunités

Pour bien appréhender les enjeux de l’énergie solaire en Afrique, il faut rappeler l’immense défi que représente l’accès universel à l’électricité. Aujourd’hui, 645 millions d’Africains n’ont pas d’accès à une source d’électricité. Cela représente 2/3 de la population continentale. Et ce chiffre ne cesse d’augmenter du fait d’une croissance démographique constante… Les besoins sont considérables mais la production d’électricité coûte de plus en plus cher. Le prix du kWh est passé en quelques années de 0,2 à 0,5 dollar, soit cinq fois plus que la moyenne mondiale.  

Alors, comment faire pour remédier à cette situation ? Privilégier l’énergie solaire photovoltaïque. Trois raisons justifient cette solution. En plus d’être adaptée au taux d’ensoleillement élevé du continent, elle est écologique et s’adapte à tous les terrains.

energie solaire afrique - Reseau Durable

La solution des microgrids, pour l’Institut Montaigne

Pour développer cette énergie sur le terrain, l’Institut Montaigne avance neuf propositions, dont une pleinement destinée aux territoires isolés : le recours au microgrids (offgrids ou mini grids dans l’étude). Ces mini-réseaux locaux ont la particularité de fonctionner indépendamment du réseau électrique ou en synchronisation avec celui-ci.

Avantage de ces installations intelligentes : elles favorisent le recours à une production locale d’énergie propre et renouvelable. Le recours à cette technologie pour l’Afrique est plébiscité dans une étude réalisée par la Banque africaine de développement. Selon cette dernière, près de 70 % de la production électrique en zone rurale en Afrique sera issue de solutions basées sur des microgrids, dont deux tiers à partir d’énergies renouvelables.

 

Une solution spécifique

Le micro-grid n’en demeure pas moins une solution spécifique, qui ne peut malheureusement pas encore se substituer à un réseau national électrique qui permet, entre autres, une gestion intelligente s et surtout à grande échelle capable d’ajuster l’offre et la demande, de réaliser des effacements, de jouer sur la flexibilité… Surtout, la dimension assurantielle d’un réseau électrique national ne pourra jamais être garantie par un micro-grid.

MASERA Nanyang Technological University de Singapour - Reseau Durable

La solution du micro-grid n’en demeure pas moins appelée à un grand avenir pour les territoires plus isolés à travers le monde. Ainsi, fin octobre dernier, EDF, Enedis et la Nanyang Technological University de Singapour ont par exemple inauguré un démonstrateur microgrid dénommé MASERA (Microgrid for Affordable and Sustainable Electricity in Remote Areas) sur une île au large de Singapour. Pleinement opérationnel, il produit une énergie propre, électrique et abordable pour les territoires isolés d’Asie du Sud-Est, en plus d’être fiable et résilient. Cette solution “clés en main” peut être répliquée à l’identique sur d’autres territoires comparables.