Les îles Samoa, dans le Pacifique, ont lancé un ambitieux plan de déploiement des énergies renouvelables. L’objectif de l’archipel est d’être autonome en électricité renouvelable dès 2025. Ce pari devrait être gagné, grâce à l’apport de conséquentes unités de stockage et de solutions smart grids ad hoc.
Voici encore quelques années, les îles Samoa, comme la majorité des territoires insulaires, produisaient l’essentiel de leur électricité à l’aide de générateurs diesel. Une solution chère, polluante et qui rendait l’archipel dépendant des importations de carburants : 95 millions de litres de diesel étaient nécessaires pour couvrir les besoins annuels des Samoa en 2012.
Cette solution manquait par ailleurs de stabilité : les générateurs diesel et le réseau électrique samoan manquant de fiabilité, les coupures étaient extrêmement fréquentes.
Développer les énergies renouvelables : une évidence économique, énergétique, écologique
L’archipel est de plus particulièrement concerné par les effets du réchauffement climatique, une augmentation du niveau des océans risquant d’engloutir les îles qui le composent. Toutes ces raisons ont poussé les Samoa à se lancer dans une véritable révolution énergétique : le pays ambitionne une conversion à 100% aux sources d’énergies renouvelables locales, dès l’horizon 2025 pour ses 200 108 habitants (d’après la CIA).
Les Samoa disposent pour cela de ressources naturelles importantes, notamment un fort ensoleillement, des vents réguliers et un système hydraulique propice aux barrages. Pour sécuriser l’approvisionnement, le pays a ainsi choisi de développer plusieurs sources de production renouvelables, et de miser sur leur complémentarité.
Ta’ù, l’île pilote de la stratégie EnR + batteries
La première centrale photovoltaïque fut installée, en 2016, sur l’île de Ta’ù. Financé par l’Autorité de Développement Economique des Samoa américaines, construit par l’américain Tesla, ce projet de 5 238 panneaux photovoltaïques s’est avéré suffisant pour alimenter en électricité les 800 habitants de l’île, de manière régulière grâce à son unité de stockage. Il suffit en effet de 7 heures d’ensoleillement pour charger les 60 batteries mises en place par Tesla, qui offrent ensuite trois jours d’autonomie à l’île.
Ce projet a permis de valider cette stratégie énergétique, s’appuyant sur l’union de sources renouvelables et d’unité de stockage. Depuis, l’archipel a mis en service d’autres fermes photovoltaïques, ainsi que plusieurs centrales hydrauliques et un parc d’éoliennes.
Un smart grid pour automatiser le réseau
Pour répondre à l’intermittence des énergies solaires et éoliennes, Tesla a mis en place un smart grid permettant de contrôler en temps réel et d’automatiser l’ensemble du réseau électrique. Il a été mis en service en juin 2018, toujours sur l’île pilote de Ta’ù.
Encore en phase de test, ce smart grid permet de coordonner la production des différentes centrales, la consommation et la charge des batteries, afin d’anticiper une baisse de production, notamment en cas d’absence de vent ou de soleil. Les batteries prennent le relais afin d’éviter toute panne sur le réseau. Un générateur diesel a été conservé, lui aussi relié au smart grid, qui peut décider de le mettre en marche si les batteries sont vides et la production EnR insuffisante.
Une phase de test plus que concluante
« Si un gros nuage apparaît au-dessus de l’île et que l’énergie solaire chute très rapidement, nous pouvons contrôler la batterie pour combler la différence. De ce fait, nous n’aurons pas à démarrer un générateur immédiatement, et nous ne devrons pas maintenir un générateur en marche même quand cela pourrait ne pas être nécessaire », détaille ainsi Jefffrey Brian Straubel, directeur technique de Tesla.
Depuis sa mise en service, ce smart grid remplit parfaitement son office : aucune coupure n’a été à déplorer et, mieux encore, le générateur n’a pas été allumé une seule fois. De quoi envisager de généraliser cette technologie à l’ensemble de l’archipel.
« Nous aimerions abandonner complètement l’utilisation du diesel »
D’ici 2025, les Samoa envisagent ainsi de développer suffisamment de sources renouvelables, adossées à des solutions de stockage pilotables, pour atteindre l’autonomie énergétique.
« Quand il y aura assez de ressources renouvelables disponibles, nous aimerions abandonner complètement l’utilisation du diesel et d’optimiser le contrôleur de réseau », expose avec enthousiasme Fonoti Perelini S. Perelini, chef de projet du service public.