Le rapport du Global Carbon Project, organisation internationale chargée de mesurer et de comprendre les cycles du dioxyde de carbone dans l’atmosphère, publié en marge de la COP22 de Marrakech, montre que les émissions de gaz à effet de serre issues des énergies fossiles sont stables pour la troisième année consécutive. Toutefois, afin de contenir le réchauffement sous les 2°C, comme le préconise l’Accord de Paris, le taux de CO2 doit baisser « d’au moins 0,9% par an jusqu’en 2030 », selon Corinne Le Quéré, co-auteure du rapport.
Pourquoi les émissions mondiales de CO2 stagnent ?
Selon le rapport les émissions mondiales liées à l’industrie et à la combustion d’énergies fossiles n’ont pas augmenté et devraient croître d’à peine 0,2% en 2016, alors que la poussée des émissions constatées la décennie précédente s’élevait en moyenne à 2,3% par an. Cette rupture « claire » par rapport aux années 2003-2014 est en grande partie due aux efforts réalisés par de nombreux pays en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Parmi les « bons élèves », la Chine, premier émetteur mondial, a réduit son recours au charbon, lui permettant ainsi de baisser ses émissions de 0,7% en 2015 contre une augmentation de 5% par an au cours de la décennie précédente. Les États-Unis, deuxième émetteur, ont pu réduire leurs émissions de 2,6% en 2015 grâce au recours au gaz, au pétrole et aux énergies renouvelables telles que l’éolien.
Des températures record pour l’année 2016
Cette stabilisation des émissions de gaz à effet de serre reste toutefois insuffisante pour contenir la hausse des températures mondiales, car la concentration de CO2 dans l’atmosphère reste forte en 2015. En cause, la sécheresse due au phénomène El Niño – une intensification d’un courant équatorial chaud du Pacifique, qui limite notamment l’absorption du CO2 par la végétation. Le rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), également publié en marge de la COP22, a alerté sur la hausse de température planétaire moyenne qui devrait être supérieure de 1,2 °C à celle de l’ère préindustrielle. Selon cette institution dépendant des Nations Unies, les niveaux record de concentration des principaux gaz à effet de serre dans l’atmosphère sont responsables de la fonte des glaces « très marquée » dans certaines régions arctiques, comme au Groenland, et d’une hausse des températures supérieure de 6 à 7°C à la normale dans les régions arctiques et subarctiques de la Russie. À titre de comparaison, dans les régions de l’Alaska et du Nord-ouest du Canada, « la température a dépassé la normale d’au moins 3°C ».
Si les prévisions de l’OMM se confirmaient, « le 21ème siècle compterait 16 des 17 années les plus chaudes constatées depuis le début des relevés à la fin du 19ème siècle ». La nécessité pour tous les pays engagés de mettre en œuvre l’Accord de Paris, adopté en décembre 2015, et d’accélérer encore les réductions d’émissions font donc partie des principales conditions au ralentissement du réchauffement climatique.