Retranscription
En termes de freins à cette transition énergétique, il y a beaucoup de verrous, de leviers à actionner en tant que tel. On peut toutefois citer quelques éléments plus prégnants. D’une part, c’est la compréhension des différents acteurs qui n’est pas du même niveau.
Vous avez des acteurs qui ont une histoire. Par exemple, l’histoire de la région Nord-pas-de-Calais Picardie, elle est très industrielle, très agricole. Et nous avons poussé un modèle jusqu’au bout. C’est un modèle qui a porté ses fruits, beaucoup de travail, qui a porté un allongement de la durée de la vie mais qui a aujourd’hui atteint un certain nombre de limites.
Les acteurs sont entrain de s’approprier à toute vitesse ces questions. Ce n’est pas forcément le cas dans d’autres régions, sans jugement de valeurs, qui ont moins buté, moins atteint que nous les limites du système. Voilà un premier élément de réponse.
La question de la pédagogie, du décryptage, des clés de lecture est essentielle. C’est notamment le boulot de l’Ademe. Une fois que cette triple problématique “emplois, coûts de fonctionnement/épuisement des ressources et réchauffement climatique” est appropriée par une famille d’acteurs, alors là c’est gagné. On peut passer à une phase de généralisation, d’accélération, de massification.
Nous sommes vraiment entrés de plain-pied dans une vraie transition du modèle, transition d’un système. Vous avez un deuxième grand défi à relever, un deuxième grand frein, c’est la question financière. Je vais vous faire un calcul très rapide.
La facture énergétique de la France pour importer de l’uranium, du gaz, du pétrole, du charbon est d’à peu près 60-70 milliards d’euros par an. L’objectif de la loi transition énergétique pour la croissance verte est de diviser par deux cette dépendance énergétique, autrement dit ces importations là.
Le modèle économique est en train de changer. Il faut l’inventer. Ce sont les deux plus grands freins ou objets de travail : nouveaux instruments financiers et pédagogie renforcée.