Attendu comme un véritable signal sur ambitions de l’Europe en matière de réchauffement climatique, l’accord pris le 24 octobre par les dirigeants de 28 pays de l’Union Européenne sur la politique énergétique et climatique a été qualifié « d’ambitieux » par la plupart des observateurs.
Le 24 octobre, les dirigeants européens, appelés à montrer l’exemple en prenant des mesures significatives en vue de la conférence de Paris sur le climat en 2015, se sont engagés à réduire d’au moins 40% les émissions de gaz à effet de serre de l’UE d’ici 2030. Cette mesure ambitieuse a été accompagnée d’autres engagements ayant pour objectif de placer l’Union Européenne en position de leader sur les questions d’environnement et de climat.
Des mesures phares pour un programme ambitieux
Outre l’objectif de réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre, les 28 chefs d’Etats et de gouvernements européens se sont entendus sur d’autres mesures à la hauteur de leurs ambitions :
- Amener la part des énergies renouvelables à 27% de la consommation
- Réaliser 27% d’économies d’énergie
- Augmenter les objectifs d’interconnexions entre réseaux électriques au sein de l’Union, pour les porter à 10%
Ces mesures font écho à celles prises en 2009 pour 2020. L’UE s’était à l’époque engagée à baisser de 20% ses émissions de gaz à effet de serre, d’augmenter de 20% la part d’énergies renouvelables dans sa consommation et de réduire de 20% la consommation d’énergie.
L’objectif majeur de cet accord est de permettre à l’Europe d’envoyer un signal fort en direction notamment des Etats-Unis et la Chine afin de conclure un accord international sur le climat lors de la conférence de Paris en décembre 2015.
Des réactions contrastées
Les mesures prises par l’Union Européenne le 24 octobre n’ont pas fait l’unanimité. Ainsi, les dirigeants européens et les représentants associatifs ne partagent pas le même enthousiasme quant aux annonces faites à l’issue du Conseil européen.
C’est sur le réseau social Twitter qu’Herman Van Rompuy, président du Conseil européen s’est félicité de l’accord trouvé par les 28 membres de l’UE en déclarant : « Accord du Conseil européen sur une politique énergétique et de climat la plus ambitieuse au monde ».
Le chef de l’Etat français François Hollande s’est lui aussi réjoui de cet accord en affirmant que « l’Europe montre l’exemple ». A son arrivée au sommet, ce dernier s’était par ailleurs interrogé sur le moyen de « convaincre les Chinois ou les Américains », si l’Union Européenne ne parvenait pas à un accord.
La chancelière allemande Angela Merkel a également fait part de sa satisfaction arguant que l’UE avait « réussi à mettre sur pied un cadre décisif pour donner une voix à l’Europe dans les négociations internationales sur le climat ».
Le Premier Ministre Britannique David Cameron s’est également montré satisfait. Néanmoins, il aurait tout mis en œuvre pour obtenir une baisse de 30 à 27% de l’objectif d’efficacité énergétique menaçant notamment d’utiliser son droit de véto.
Les voix discordantes sont venues du monde associatif. Ainsi, l’association environnementale Greenpeace considère que « les dirigeants de l’Union européenne donnent un coup de frein à l’énergie propre ». Pour les Amis de la Terre, les objectifs fixés par cet accord « sont bien en deçà de ce qui pourrait être fait par l’Europe pour combattre le changement climatique ». Enfin, l’association de lutte contre la pauvreté Oxfam dénonce « une action insuffisante de la part des pays les plus riches fait peser le fardeau sur les populations les plus pauvres, les plus affectées par le changement climatique et les moins responsables de cette crise ».
Quant au fond créé pour aider les pays les moins riches à financer leur transition énergétique, il suscite lui aussi beaucoup d’interrogations quant à son efficacité. Le député européen Europe-Ecologie-Les Verts, Yannick Jadot indique que comme « l’argent sera géré par les gouvernements », « ils pourront continuer à investir dans des industries polluantes comme des centrales thermiques au charbon ».
Pour finir, de nombreux observateurs considèrent que si les objectifs sont ambitieux, ils restent pour l’instant peu contraignants puisqu’ils concernent l’Europe dans sa totalité et n’engagent pas chacun des pays membres individuellement.
Sources : Consoglobe.com, FranceInfo.fr, Europe 1.fr, Challenges.fr, FranceInter.fr