L’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) vient de publier son rapport annuel sur les énergies renouvelables, assorti d’un prévisionnel sur la période 2017-2022 : la croissance devrait largement se maintenir, portée par l’éolien et, surtout, le solaire photovoltaïque.
Dans son rapport annuel sur les énergies renouvelables dans le monde, l’AIE précise qu’en 2016, 165 GW de puissance renouvelable ont été installés : un record, porté tout particulièrement par les 74 GW de solaire photovoltaïque supplémentaires. Pour la première fois, la puissance de l’énergie photovoltaïque installée sur un an dépasse la puissance des nouvelles centrales au gaz et l’augmentation nette de puissance des centrales au charbon.
+43% de puissance renouvelable d’ici 2022
L’énergie solaire est soutenue par une baisse des coûts et par des politiques particulièrement volontaristes à travers le monde. Pékin a par exemple encore amplifié son effort vers cette énergie, devenue la clé de la transition énergétique du pays. La Chine a ainsi dépassé en 2017, avec plus de deux ans d’avance sur son calendrier, les objectifs d’installation de puissance photovoltaïque prévus par le dernier plan quinquennal.
S’appuyant sur une étude du marché mondial au dynamisme rare et prenant en compte les politiques énergétiques de l’ensemble des pays du globe, l’AIE présente un prévisionnel pour la période 2017-2022 particulièrement optimiste. L’augmentation de capacité des énergies renouvelables devrait atteindre les 920 GW en 5 ans, soit une progression de 43%. Locomotive de cette croissance, le photovoltaïque, avec 438 GW supplémentaires, suivi par l’éolien, avec 321 GW, l’hydroélectricité, avec 119 GW, et l’ensemble des autres sources d’énergies renouvelables, avec 44 GW.
Les énergies renouvelables en fer de lance de la transition énergétique
Les deux tiers de cette puissance de 920 GW seront concentrés sur trois pays, qui vont demeurer les mastodontes des énergies renouvelables : la Chine, les Etats-Unis et l’Inde. L’Union Européenne conservera une croissance en la matière, mais plus faible que sur la période 2012-2017.
Mais l’une des révélations de ce rapport, c’est bien la place déterminante que vont prendre les énergies renouvelables intermittentes dans le mix mondial de 2022. L’éolien et le photovoltaïque représenteront à cette date 70% de la production d’électricité du Danemark, recordman du monde, mais également plus de 25% en Allemagne, au Royaume-Uni, en Espagne et en Irlande. La Chine, les Etats-Unis, l’Inde, le Japon devraient dépasser ou approcher les 10%, un doublement par rapport à 2017.
Une indispensable modernisation des réseaux électriques
Parallèlement, le rapport insiste sur la nécessaire mutation que vont devoir accomplir les réseaux électriques mondiaux pour accueillir une part aussi importante d’énergies renouvelables. Une augmentation de la flexibilité des réseaux est une nécessité absolue, ainsi qu’un développement des sources de stockage et un pilotage raisonné mais surtout de plus en plus dynamique et en temps réel de l’offre et de la demande électrique.
Le texte de l’AEI ne prononce pas le mot, mais un réseau électrique intelligent est une nécessité pour supporter une part aussi importante d’énergies renouvelables. Les solutions smart grid, associés à des techniques de stockage performantes, sont indispensables pour des pays voulant dépasser les 20% d’énergies intermittentes.
Des défis à relever
Les défis à relever sont en effet nombreux pour que cette croissance des énergies renouvelables se maintienne, voire dépasse ces prévisionnels : « Les cadres économiques et politiques doivent évoluer pour faire face simultanément à plusieurs objectifs, notamment fournir des signaux de prix à long terme pour attirer les investissements, assurer une répartition efficace de l’électricité à court terme, évaluer les externalités négatives et dégager des niveaux de flexibilité suffisants, tout en ne négligeant pas les autres technologies renouvelables (hydroélectricité, biomasse, la géothermie et la solaire thermique) » détaille le rapport.
Les acteurs économiques et politiques mondiaux semblent désormais déterminés à faire cet effort et assurer à la planète une transition énergétique aussi rapide et efficace que possible. Ce qui ne se fera qu’avec une modernisation profonde des réseaux électriques vers plus d’intelligence, de flexibilité et de réactivité.