L’électromobilité fait partie des nouveaux usages essentiels à la transition énergétique. Elle permet de réduire l’utilisation des hydrocarbures fortement émetteurs de CO2 et d’aider à maîtriser la qualité de l’air. Quelle est la contribution des véhicules électriques à la stratégie bas-carbone française ? Comment participe-t-elle à la transition énergétique ? Quelles en sont les impacts socio-économiques ? Sur la qualité de l’air ? Réponses dans le rapport de l’European Climate Foundation*, « En route pour un transport durable », présenté ce 27 janvier au Parlement européen à Bruxelles.
Mobilité électrique : Énergie, Environnement et Économie
Le rapport de l’European Climate Foundation souligne combien les véhicules bas-carbone en France constituent un choix gagnant pour l’économie et pour le citoyen. Ce secteur stratégique concrétise par ailleurs les vœux de la France en faveur de la transition énergétique. Motrice de croissance, la mobilité bas-carbone sera une manne pour les entreprises innovantes ainsi que pour l’attractivité économique et la compétitivité. Les émissions de gaz à effet de serre seront considérablement réduites d’ici 2030 et la qualité de l’air sera améliorée. Enfin, la dépendance du mix énergétique français sera moindre avec l’intégration des énergies renouvelables produites localement.
Les analyses du rapport l’European Climate Foundation et de ses partenaires (Renault, Michelin, Saft, ERDF, Air Liquide, la Fondation Nicolas Hulot, l’association française de l’aluminium, Lanxess, Eurobat, ABB, European Aluminium,Valeo et la CFDT) sont basées sur le croisement des données sur les coûts des technologies bas-carbone, le prix du pétrole, de l’hydrogène et de l’électricité, les habitudes des automobilistes, les ventes de véhicules et les projections sur l’activité économique française.
Parmi les résultats découlant du rapport et de l’analyse effectuée par Element Energy et Artelys basée sur le modèle macroéconomique de Cambridge Econometrics (E3ME) :
- La croissance de la mobilité « propre » en France présentera une facture évitée de 5,9 milliards d’euros sur le pétrole en 2030 avec moins de capitaux quittant l’économie française. Les raffineurs et distributeurs de produits pétroliers auront une baisse de leurs chiffres de l’ordre de 470 millions d’euros en 2030 suite à la baisse de consommation des carburants. Les producteurs d’énergies renouvelables et les comptes publics bénéficieront de cette progression à hauteur de 3,1 milliards d’euros.
- Le coût des technologies « green » de la mobilité représenteront un investissement de 6,1 milliards d’euros en 2030, qui devraient permettre de redynamiser l’économie française et l’innovation. D’ici à 2030, entre 66 000 et 71 000 emplois seront créés, avec à la clé 0.2% en plus grâce à son secteur automobile innovant.
- La mobilité électrique permettra la réduction des dépenses liées au carburant de 591 euros par an par automobiliste en 2030 (la dépense passant de 1191 euros en moyenne à 583 euros par an), un allègement qui compensera le surcoût technologique.
- Le coût du parc automobile sera moindre de 12,4 milliards avec l’utilisation des véhicules bas-carbone et la baisse de la facture pétrolière surtout si le prix du pétrole maintient la tendance à la baisse observée en 2015.
- La mutation du réseau électrique pour accueillir les infrastrcutures de recharge pour véhicules électriques coûtera 150 millions d’euros d’investissement annuel. Avec l’arrivée des technologies de recharge intelligente, ce coût sera réduit à 10 millions d’euros et le nombre de véhicules pouvant se recharger sans mettre le réseau électrique en surtension sera de 20 millions ; et de 4 millions en charge normale.
- La qualité de l’air connaitra une évolution méliorative en 2030 avec la réduction des émissions de gaz à effet de serre de 40%, la réduction des émissions d’oxyde d’azote (NOX) de 72%, et la réduction des particules en suspension (PM) dans l’air de 92%.
Pour autant, «le défi n’est pas technologique mais politique pour que la mobilité bas carbone devienne un projet prioritaire et compréhensible à tous les citoyens », a souligné Michel Derdevet, Secrétaire général et membre du Directoire d’ERDF, partenaire du projet qui a suggéré l’idée d’un programme européen « Connecting Europe citizens » pour soutenir des « corridors européens de mobilité innovante ». Compte tenu des enjeux, notamment de normalisation, la solution doit être avant tout européenne. « Le Parlement européen a dans sa majorité une grande prise de conscience. Il va aider à mettre en place un écosystème » pour développer la mobilité bas carbone a affirmé le Député européen Dominique Riquet.
Pour Gregory Launay, Corporate Planning Manager for CO2 and Fuel Consumption chez Renault, « l’Europe a une position leader sur la production des batteries. Il faut une vision commune entre tous les acteurs et avoir une stratégie cohérente sur l’ensemble des niveaux local, national et européen ».
* European Climate Foundation (ECF) est une fondation philanthropique internationale créée en 2008 qui vise à promouvoir les politiques énergétiques et climatiques pour réduire les gaz à effet de serre et à soutenir l’action de l’Europe en tant qu’acteur clé au niveau international dans les questions de changement climatique.