Le ministère de l’Environnement, de l’énergie et de la Mer avec le Commissariat Général au Développement Durable ont publié une étude soulignant les enjeux et stratégies des collectivités françaises dans la création de villes intelligentes.
La démarche de « ville intelligente » est transversale car elle touche les différents secteurs de la planification urbaine en conciliant les enjeux économiques, environnementaux et sociaux. Elle peut ainsi impliquer la modernisation de l’administration par le numérique, la réinvention des transports publics, l’innovation pour les réseaux d’électricité et de chaleur, l’avènement de bâtiments à énergie positive et la gouvernance par la démocratie participative et citoyenne.
Pas de modèle unique
L’étude montre qu’il existe différents modèles de villes intelligentes en France mais que les objectifs déclencheurs de la démarche des collectivités pour devenir smart convergent.
La démarche des collectivités s’articule autour de trois enjeux :
-
- le renforcement des partenariats avec les acteurs économiques locaux et les citoyens ;
- la mise à disposition d’une partie du territoire et de données des infrastructures aux partenaires afin de conduire des projets testant des solutions innovantes en conditions réelles ;
- la gestion urbaine n’est pas le seul aspect qui rend une ville intelligente. Les collectivités engagent une politique numérique impliquant l’aspect économique, sociale, éducative et culturelle.
L’objectif des collectivités est de redynamiser l’attractivité d’un territoire et booster l’économie locale, d’optimiser la planification urbaine pour faciliter la vie des citoyens par des services innovants et réduire les coûts de fonctionnement en rationalisant les dépenses par des applications intelligentes.
L’étude identifie plusieurs types de villes intelligentes
Les villes pionnières comme Nice ou Montpellier, ont adopté une feuille de route de « ville intelligente » il y a plus de cinq ans. Ces villes sont accompagnées de partenaires privés et peuvent aujourd’hui ajuster leur stratégie et mieux répondre aux besoins réels de leur territoire par rapport aux résultats observés lors des expérimentations sur les dernières années.
D’autres villes, comme Grenoble, Toulouse, Paris et Rennes, se sont lancées dans des des projets smart et qui ont décidé de formaliser la démarche en rassemblant ces projets et en définissant une orientation stratégique commune avec une mise à disposition des acteurs déjà impliqués, des conditions favorables.
Les « nouvelles » villes intelligentes ont décidé de changer toute leur stratégie de développement en posant des objectifs précis et sont souvent dirigées par un maire « moteur ». Les exemples identifiés par l’étude sont Mulhouse, Chartres, Roubaix et l’intercommunalité Plaine Commune.
La gouvernance des villes intelligentes est soutenue par un appui politique
Cet appui prend la forme d’un comité de pilotage d’élus. Cependant, le pilotage des services de la ville intelligente ne permet pas toujours d’atteindre l’objectif de transversabilité.
Certaines collectivités, comme Montpellier, transcendent les structures hiérarchiques en mobilisant les services internes sur des projets précis. D’autres, comme Rennes, Toulouse et Lyon, se sont dotées d’une direction déléguée à la ville intelligente au sein de la Direction au développement économique accompagné d’un comité de pilotage afin d’assurer la transversabilité de la stratégie de ville intelligente. D’autres encore préfèrent créer des entités externes sous la forme de sociétés d’économie mixte, comme à Chartres et Issy-les-Moulineaux, ou bien des structures ad hoc internes à la municipalité pour conduire des missions rattachées à la direction générale des Services, comme à Paris ou encore Grenoble.
Dans leur démarche de ville intelligente, les collectivités rencontrent toutefois des obstacles
Le premier obstacle, le cadre juridique et administratif qui peut bloquer le déploiement de solutions innovantes sur le territoire. Le financement des projets est parfois en inadéquation avec la conduite du projet avec des contraintes et temporalités imposées par les fonds nationaux et européens. L’acceptation des solutions innovantes par les usagers est aussi un obstacle à surmonter et nécessite une transition culturelle. L’accès à des données ouvertes sur les habitudes de consommation des usagers reste encore à développer. La collaboration des acteurs économiques est essentielle afin d’assurer une démarche transparente. Enfin, le réseautage des différentes villes intelligentes doit s’intensifier afin de communiquer sur les retours d’expériences et de faire rayonner les collectivités locales françaises.